Lettre à la directrice générale de l’AFPA
Madame la directrice générale,
Le gouvernement a ordonné la fermeture des écoles et universités jusqu’à nouvel ordre. Il a interdit les rassemblements de plus de 100 personnes. Des centres de formation et des CFA, sont d’ores et déjà fermés. Le réseau des E2C aussi.
La plupart des centres AFPA accueille plus de 100 personnes. Les lieux de pause et les lieux de restauration concentrent souvent plus de 100 personnes.
Vous avez maintenu l’ouverture des centres au prétexte qu’ils accueillent majoritairement des adultes. Les universités aussi. De plus ce sont les personnes plus âgées que les lycéens, des trentenaires jusqu’aux septuagénaires, qui sont les plus susceptibles de développer la maladie et sous ses formes les plus graves.
Certes, selon le ministère du travail : « Pour les organismes de formation, le principe est de privilégier le maintien de l’activité et l’accueil des stagiaires, en appliquant les mesures barrières recommandées par le Gouvernement, dès lors que la situation sanitaire le permet. »
L’épidémie de coronavirus est dans sa phase de développement exponentiel. Selon toute probabilité, il y aura dans les jours qui viennent dans chaque centre AFPA un ou plusieurs cas de contamination.
A l’AFPA, des décennies de restriction budgétaire en matière de nettoyage des locaux, de médecine du travail, d’investissement sur les postes de travail, de vestiaires, de dispositifs de toilette et de lavabos, etc., font que la situation sanitaire des centres est critique.
C’est donc maintenant qu’il faut agir.
Le rappel des gestes simples à faire pour éviter la propagation du virus ne suffit pas.
Les mesures « barrière » que vous évoquez sont-elles applicables ?
Avez-vous vérifié qu’il existait autant de postes de travail que de personnes, tant pour les salariés que pour les stagiaires ?
Avez-vous vérifié que les stagiaires ne travaillaient pas à 2 voire plus sur un même écran, que chaque salarié disposait de son propre matériel bureautique et son de propre téléphone, qu’il était possible de se laver les mains après chaque déplacement impliquant la manipulation de poignées, boutons communs, rampes (portes palières, ascenseurs, sanitaires), avec des produits disponibles et sans avoir à nouveau à se déplacer et à manipuler au retour ?
Avez-vous vérifié qu’il était possible de se placer en réunion une chaise sur 2 ? Avez-vous vérifié qu’il existait assez de marqueurs pour qu’ils ne passent pas de main en main ? Avez-vous vérifié que les dimensions de restaurants permettent de déjeuner en quinconce, même en espaçant les horaires ? Avez-vous vérifié que la durée d’activité du virus n’était que de 2 à 3 heures… ?
Surtout, votre message ne dit rien de l’attitude à tenir quand ces mesures barrière ne peuvent pas manifestement être mises en œuvre.
L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. (L4121-1 du Code du Travail). L’article L4121-2 définit les principes de prévention. 1° Eviter les risques ;2° Evaluer les risques qui ne peuvent pas être évités ;3° Combattre les risques à la source ; …
Pourquoi l’AFPA ne respecte-t-elle pas cet ordre ? Que fait l’AFPA pour éviter les risques en tout premier lieu ? Pour évaluer les risques ? Pour les combattre à leur source ?
Pourquoi les centres de Creil (Oise)et d’Auray (Morbihan) vont-ils rouvrir ?
Pourquoi les personnels en contact avec un public nombreux ne sont-ils pas protégés ? Pourquoi les informations collectives sont-elles maintenues alors que les JPO sont en principe reportées ?
Pourquoi les personnes fragiles ne sont-elles pas identifiées ? Pourquoi n’avez-vous encore rien dit et fait pour les déplacements des consultants, des commerciaux, des managers et des itinérants ?
Existe-t-il dans chaque centre des locaux où des salariés ou stagiaires présumés atteints peuvent être isolés, le temps que les secours interviennent ?
Etc.
Faites-vous de la santé des salariés et des stagiaires la priorité des priorités ?
Pourquoi a-t-il fallu que des élus du CSEC insistent lors de la dernière réunion du CSEC pour que le président du CCE, M Mettot DRH pour ne pas le citer, daigne accorder à l’épidémie 2 minutes de son temps précieux, et ce malgré les demandes insistantes des élus depuis le tout début de la réunion ?
Pourquoi la délégation SUD FPA a-t-elle du lancer à la fin de la réunion du CSEC une alerte en matière d’environnement et de santé publique ? (Notre mail du 28/02 au président du CSEC et à vous-même)
Pourquoi le même DRH a-t-il pu définir l’ordre du jour de la réunion de la Commission Santé Centrale sans que le point du coronavirus n’y soit porté et ce après la réunion du CSEC… ?
Nous ne voudrions pas être obligés de constater que les impératifs économiques ont pris le dessus sur la santé du personnel et des stagiaires.
Nous vous demandons de mettre en œuvre une vraie prévention évitante des risques comportant des mesures telles que fermeture temporaire des centres avec maintien total des salaires, mise en œuvre du télétravail, mise en œuvre de mesures de formation, etc.
Nous ne voudrions pas être obligés de constater que vous avez voulu éviter la prévention.
Vous devez demander à nos tutelles le budget nécessaire. Le gouvernement, la ministre du travail en particulier, assure aux entreprises et aux salariés que des mesures de soutien seront prises.
Au contraire de votre dernier message où vous ne les comptez pas parmi les parties prenantes, vous devez informer régulièrement, et aux trois niveaux local, régional et national, les représentants du personnel du plan de continuité de l’activité et des mesures de prévention, et être informée en retour par ceux-ci de la réalité du terrain.
Veuillez recevoir, Madame la directrice générale, nos salutations.
Jean-Marc Cellier, secrétaire général SUD FPA Solidaires
15 mars 2020 6:33