Santé et qualité du travail, deux impératifs.
Déclaration SUD FPA CSEC AFPA 12/05/2020
Notre avis est demandé sur le projet de plan de reprise d’activité.
A la lecture du document de la direction, on s’aperçoit que malgré les nombreux rappels et préconisations de la Commission Santé centrale, le projet de plan de reprise de l’activité souffre de plusieurs graves défauts :.
- En premier lieu d’un défaut d’autorité : Le projet de plan ne donne aucune consigne, ni n’encadre les directions régionales et locales.
- Puis d’un défaut de moyens : Le projet de plan ne comporte aucun budget. Les moyens ne sont pas prévus. La charge de travail supplémentaire créée par le changement d’organisation et par la mise en œuvre des mesures de prévention n’est pas évaluée. La gestion des moyens barrière est empirique, comme si tout devait se régler au fil de l’eau et selon le mode du « on verra bien ».
- Enfin d’un défaut de compétences :
Dans la partie consacrée à l’évaluation des risques la direction s’obstine à parler de risque biologique environnemental et à qualifier le document unique COVID 19 d’annexe. Le nettoyage y est identifié comme un risque sanitaire, ainsi que la restauration. Le risque du télétravail n’y est analysé que comme un risque individuel. Rien n’est dit sur le risque de dégradation de la qualité du travail qu’il entraîne et à la longue du risque de dénaturation du travail : ainsi recruter par télétravail est un travail de nature différente que de recruter en présentiel.
Les mesures ne comprennent pas le suivi de l’état de santé des salariés, comme si la direction avait déjà jugé,avant la prise en compte des situations de travail et leur transcription dans les DUER, qu’il n’y avait aucune situation d’exposition au coronavirus.
Les phases R2 et R3 ne sont pas nettement délimitées, les priorités de retour en centre ne sont pas ordonnées et le principe fondamental de la formation présentielle n’est pas rappelé, au détriment de la réalisation de la mission première de l’AFPA. L’AFPA n’affirme pas que son objectif est le retour en centres de tous les stagiaires.
Au contraire le télétravail y est présenté comme la solution idéale et la liste des personnels pouvant télétravailler comprend la grosse majorité des salariés, à l’exception des salariés des métiers support (hébergement, restauration, entretien), mais qui, si on pousse la logique jusqu’au bout, ne sont même plus nécessaires à la bonne marche de l’AFPA, puisque leur présence est liée, justement, à la présence de stagiaires et de salariés sur les sites.
Un paragraphe curieusement intitulé « protection du personnel en inactivité « recopie la liste des personnes vulnérables » sans aborder le moins du monde leur inactivité.
Quant au pilotage de la reprise et du respect de la mise en œuvre des mesures de prévention, on cherchera en vain une quelconque allusion aux modalités concrètes permettant le respect de cette mise en œuvre. On saura que les pilotes sont des pilotes et qu’il faut y associer à ce travail les représentants du personnel.
A ce sujet, notre délégation affirme que la direction bafoue à à plusieurs reprises le droit du travail : la responsabilité du salarié est caricaturée, son droit de retrait y est nié, les missions des IRP récupérées.
Comment les directeurs de centre peuvent-ils exercer leur autorité, disposer de moyens et exercer leurs compétences si ces trois principes sont défaillants au niveau de la direction générale ?
La direction générale pourra rétorquer que son document mentionne le respect des mesures gestes barrières, cite des moyens, par exemple, le nombre de masques commandés, ainsi que quelques risques psychosociaux
Mais c’est ici que réside le double discours. Il est dit aux directeurs de centre « prenez soin de la santé de vos salariés » mais aussi « faites comme vous voulez et selon les moyens et les compétences dont vous disposez ». Ce double discours traduit la vraie priorité de l’AFPA : la santé oui mais d’abord l’EBE.
Cette construction tout en « dit/non dit » permet également d’exonérer la direction générale de toute responsabilité, reportée sur les lampistes de base.
Mais le défaut central de ce plan pourrait être l’absence de projection à moyen terme. Et si cela devait durer encore plusieurs mois, la direction a-t-elle prévu de maintenir la norme du télétravail ? Au détriment de la qualité du travail ? En détériorant les qualifications des salariés ? En les burn-outisant pour maintenir la productivité ?
En courant aussi le risque collectif d’un grand bond en arrière déguisé en progrès, d’une grande régression vers l’ère préindustrielle du travail à façon réalisé dans leur propre habitation par les auto entrepreneurs d’alors -les tacherons-, organisé par les Uber et les Google d’alors, les marchandeurs, avec cette fois-ci une concurrence mondiale permise par l’informatisation. Mais la direction de l’AFPA a-t-elle réfléchi au fait que l’AFPA n’avait pas sa place sur ce marché ni aucune place non plus ?
La mission des représentants du personnel est donc bien de protéger la santé des salariés mais aussi leur travail. L’impératif sanitaire et l’impératif d’un travail de qualité sont tous les deux des impératifs catégoriques.
12 mai 2020 10:58