“La grosse colère des stagiaires charentais de l’Afpa”
“Huit mois perdus! J’étais là pour me reconvertir et en fait, j’ai perdu mon temps.” Steven Chitarello est en colère. Carlito Chamussy aussi. Et leurs autres compères de stage “agent d’entretien du bâtiment” tout autant. Hier, c’est dans l’amertume qu’ils ont passé leur dernière journée dans les locaux du centre de formation de l’Afpa (Association pour la formation professionnelle des adultes) à Mornac. Onze stagiaires, quatre seulement reçus à l’examen de fin de formation. Et un coup de gueule unanime: “Cette formation, ç’a été du grand n’importe quoi.”
En huit mois, ils ont eu quatre formateurs différents. Le premier est resté trois mois. “Il était super. Il nous encadrait, nous apprenait plein de choses”, dit Steven. Mais au bout de trois mois, le formateur, un professionnel du bâtiment pédagogue, a dû remiser ses outils et quitter l’Afpa. Le début de la galère, à en croire les onze stagiaires, tous envoyés là par Pôle emploi.
Trois formateurs se succèdent. “L’un d’eux est resté trois semaines. Il s’enfermait dans son bureau, on ne l’a jamais vu”, dit un stagiaire. Un autre renchérit: “C’était de l’autoformation. Pour apprendre quelque chose, on nous disait “regarde sur internet”.” Professionnels du bâtiment, ces formateurs n’étaient visiblement pas… formés pour transmettre leur savoir.
Électricité, plomberie, aménagement, finitions. Les onze demandeurs d’emploi en formation se retrouvent livrés à eux-mêmes. “Personne ne nous corrigeait, ne nous montrait les bons gestes. C’était sûrement de bons chefs de chantier, mais pas des formateurs”, décrit un des stagiaires quand un dernier dénonce “l’absence de suivi”.
Le résultat de ces huit mois chaotiques a été cinglant. Sur onze stagiaires, quatre seulement ont validé leur formation lors de l’examen. “Une hécatombe.” Steven: “On peut revenir pour valider ce qu’on n’a pas validé. Mais si c’est pour que ce soit la même chose, à quoi ça sert?” Et de rappeler le coût de la formation, financé par Pôle emploi et la Région: 12 000 euros par stagiaire. Soit 132 000 euros pour tout le groupe. Une note salée pour seulement quatre stagiaires remis sur le marché du travail avec un diplôme validé.
“On a préparé un courrier pour le conseil régional afin de les alerter du problème“, prévient Steven, très remonté. Il assure: “On a aussi alerté la direction de l’Afpa. Et quand on leur décrit le déroulement de notre stage, ils ne nous disent rien.” Malgré nos appels, nous n’avons pas pu joindre hier la direction du centre de l’Afpa de La Braconne.
22 février 2014 11:11