Le député Giraud (Hautes-Alpes) attendra la réponse

Le député Giraud a posé le 15/01/2013 une question écrite au gouvernement sur la “sécurisation” du devenir de l’AFPA et sur la création d’un service public d’intérêt général (SSIG) pour la formation qualifiante des demandeurs d’emploi et des salariés menacés de perdre le leur.
 
La réponse du gouvernement le 1 Avril 2014 (soit près de 15 mois après sa question !) n’aborde en rien la création de ce SSIG…
 
La loi sur la réforme professionnelle que le parlement vient d’adopter donne le droit aux régions d’habiliter des organismes pour mettre en oeuvre des actions pédagogiques sociales ou professionnelles destinées à des publics rencontrant des difficultés d’apprentissage ou d’insertion…On reste cependant loin du champ entier des demandeurs d’emploi et des salariés menacés de perdre le leur.

 
« Art. L. 6121-2-1. – Dans le cadre du service public régional de la formation professionnelle défini à l’article L. 6121-2 et sous réserve des compétences du département, la région peut financer des actions d’insertion et de formation professionnelle à destination des jeunes et des adultes rencontrant des difficultés d’apprentissage ou d’insertion, afin de leur permettre de bénéficier, à titre gratuit, d’un parcours individualisé comportant un accompagnement à caractère pédagogique, social ou professionnel.

« À cette fin, elle peut, par voie de convention, habiliter des organismes chargés de mettre en œuvre ces actions, en contrepartie d’une juste compensation financière. L’habilitation, dont la durée ne peut pas excéder cinq ans, précise notamment les obligations de service public qui pèsent sur l’organisme.

« Cette habilitation est délivrée, dans des conditions de transparence et de non-discrimination et sur la base de critères objectifs de sélection, selon une procédure définie par décret en Conseil d’État. » ;

Question du député Giraud

M. Joël Giraud attire l’attention de M. le ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social sur la situation de l’Association pour la formation professionnelle des adultes. Les salariés de cette structure sont inquiets car ils craignent de la voir disparaître. Depuis plus de soixante ans, cette institution accompagne et forme à de vrais métiers les personnes en difficultés d’insertion professionnelle. L’AFPA, jamais reconnue comme un service d’intérêt général, n’a connu aucun accompagnement de la part de l’État, soumise ainsi aux lois du marché concurrentiel et des appels d’offres. Au fil des ans, l’AFPA a connu une situation qui l’a fragilisée : réduction des effectifs, valorisation de formations courtes et adaptées à court terme au seul poste de travail, diminution de l’investissement en ingénierie pédagogique, diminution du volume de demandeurs d’emplois formés à l’AFPA. Il lui demande de bien vouloir lui faire connaître les intentions du Gouvernement afin que la place de l’AFPA soit renforcée et sécurisée dans le cadre du service public de l’emploi. Il souhaite savoir s’il est en projet d’inscrire dans la loi française, comme l’autorisent les évolutions de la réglementation européenne, que la qualification des demandeurs d’emploi et des salariés menacés de la perdre, faute de qualification suffisante et reconnue, relève d’un service public d’intérêt général (SSIG), ce qui garantirait à l’AFPA une forme de sécurisation financière lui permettant d’assurer ses missions historiques.

Texte de la réponse

L’association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) n’est pas un organisme de formation professionnelle comme les autres. L’AFPA est d’abord, grâce à son organisation nationale, le principal organisme de formation des demandeurs d’emploi avec près de 120 000 stagiaires chaque année qu’elle amène, pour une grande partie d’entre eux, à une qualification certifiée leur permettant une insertion durable dans l’emploi. De plus, l’AFPA délivre des services, tels que l’hébergement et la restauration, que les autres organismes de formation n’offrent pas, permettant ainsi d’accueillir en formation des demandeurs d’emploi en situation de fragilité ou venant de territoires éloignés. Malheureusement, les décisions prises par les précédents Gouvernements à compter de 2004 ont fragilisé l’AFPA en soumettant, sans aucun accompagnement, l’ensemble de son offre de formation aux marchés publics. Malgré les efforts importants d’adaptation faits par ses personnels et leur professionnalisme reconnu, l’AFPA est confrontée à des difficultés financières qui imposent qu’elle redéfinisse son modèle d’activité. Aujourd’hui, de nombreux chantiers ont été lancés conformément aux engagements que le Premier ministre a annoncés le 14 janvier 2013 au centre AFPA de Caen. Ainsi s’agissant de la question du patrimoine, le Gouvernement a décidé de conclure des baux emphytéotiques administratifs (BEA) afin que l’AFPA puisse pendant 50 ans bénéficier de droits réels pour adapter et étendre ses locaux, en améliorer la gestion et ainsi mieux maîtriser la carte de ses sites de formation et valoriser ses services d’hébergement et de restauration. Cette orientation est en ligne avec les recommandations formulée par la Cour des comptes dans son rapport rendu public le 21 janvier 2014. En effet, la Cour a indiqué que « la question du patrimoine affecté à l’AFPA est un enjeu central en termes financiers mais aussi d’organisation de l’activité et de sa restructuration sur le territoire » et a énoncé qu’il « est indispensable que l’AFPA dispose de droits réels sur le patrimoine immobilier, éventuellement sous forme de baux emphytéotiques administratifs ou dans le cadre d’une négociation avec les collectivités territoriales ». Or, l’État est sur le point de conclure avec l’association une première vague significative de baux et de valider l’adoption d’un modèle d’acte qui facilitera le développement de ce mode de contractualisation dans les mois à venir. Par ailleurs, grâce à la loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale, les régions vont pouvoir acquérir à titre gratuit le patrimoine immobilier occupé par l’AFPA dans le cadre d’un projet de site partagé avec l’association. Ce droit d option permettra une meilleure valorisation et rénovation du patrimoine immobilier. Grâce à ces deux avancées, conformes aux récentes recommandations de la, Cour des comptes, le Gouvernement entend faciliter le processus de restructuration du maillage territorial conduite par l’équipe dirigeante, actuelle, de l’AFPA. S’agissant ensuite de la capitalisation de l’association, l’État a souscrit des participations constitutives de fonds propres, indispensables à l’AFPA pour emprunter à moyen terme. Ainsi, l’État a fait un premier apport de 110 millions d’euros en 2013 et s’apprête à en réaliser un deuxième à hauteur de 50 Meuros en 2014. L’Etat assurera ainsi près de la moitié des besoins de financement de l’AFPA, chiffrés à près de 430 millions d’euros. La seconde moitié sera apportée par la mobilisation des établissements bancaires actuels ou partenaires financiers futurs. Parallèlement, le suivi de l’activité de l’association a été ajusté afin de permettre aux différents partenaires, dont l’État, de mieux suivre la mise en oeuvre du plan de refondation élaboré par son président, Yves BAROU, et par là même, le devenir de l’association. Enfin, comme le Premier ministre l’a également rappelé lors de son déplacement à Caen le 14 janvier 2013, ce plan de refondation global s’accompagne dans sa mise en oeuvre d’une réorganisation et d’une réduction des coûts de fonctionnement sans porter atteinte au formidable capital humain dont dispose l’association. Il a, par ailleurs, pris l’engagement qu’il n’y aurait pas de licenciement économique au sein de l’AFPA. Le Président de la République a lui-même réaffirmé, à l’occasion de ses voeux aux acteurs de l’économie et de l’emploi le 17 janvier 2013, l’utilité et la performance de l’AFPA et le plein engagement de l’État à ses côtés. L’État a donc su mettre en oeuvre les moyens nécessaires à la pérennisation de l’association conformément à l’engagement pris lors de la grande conférence sociale de juillet 2012. Le Gouvernement reste ainsi plus que jamais mobilisé pour gagner la bataille pour l’emploi comme l’a rappelé le Premier ministre à Lorient le 27 décembre 2013.

4 avril 2014 2:02 Publié par