Yves Barou, arrêt sur images
Au moins deux syndicats de l’AFPA, (pas SUD FPA !) ont reçu une invitation au vernissage de l’exposition « Vies croisées, photographies », d’Yves Barou. Et oui, le président exécutif de l’AFPA à ses temps perdus fait de la photo au Pérou, à Cuba, au Maghreb chez les pauvres quoi !
Surprise sur le carton : ce n’est pas Y. Barou qui invite ! Non, c’est une autre personne, un proche ! On vous le donne en mille : l’invitation provient de Laurent Berger, le big boss de la CFDT…qui régale à l’Espace Belleville…le lieu culturel de la CFDT ! Neutre le président de l’AFPA ?
Peu lui importe ! Sûr de la puissance de son réseau de relations, le président affiche son parti pris et cette provocation n’est que la dernière marque de mépris d’une très longue liste ! Les exemples rien qu’à l’AFPA sont là, à foison.
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Mépris du CCE auquel il cache les retards de paiement des cotisations sociales et de la taxe des salaires, le plan d’économies de 15 Millions € sur la masse salariale , informations dissimulées aussi à l’expert du CCE dans le cadre du droit d’alerte !
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Mépris et discrimination à l’égard de notre syndicat SUD FPA revendiqués ! Y.Barou ne l’invite pas à plusieurs réunions. Car SUD FPA ne pratique pas le « off ». Or le double, triple voire quadruple langage du président Barou rend le off nécessaire !
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Mépris des syndicats de l’AFPA auxquels il reproche la « timidité » de leurs demandes lors d’une rencontre ministérielle !
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Et quand le CCE n’élit pas le bon représentant au CA de l’AFPA (devinez lequel), il sermonne le syndicat responsable de la « faute » !
Autre exemple : cette instrumentalisation de tous et de tout transparaît dans les propos d’Yves Barou lors de son l’audition à l’assemblée nationale1 par la commission d’enquête sur l’impact des 35 h.
Pour Y. Barou, en matière économique, seules doivent compter les décisions des entreprises. Les politiques n’ont pas de légitimité. Il faut laisser les entreprises et les salariés négocier leurs relations 2. Le code du travail ne doit être qu’un joker.
Les 35 h ne sont qu’une bonne mesure d’organisation du travail en relation avec une tendance lourde sociétale (d’où vient cette tendance ? Y Barou ne se pose pas la question !).
Quant aux 32 h, « elles sont un mirage ».Pas un mot pour l’idée même de social, pour l’existence d’intérêts opposés entre le capital et le travail. Cela n’existe pas et n’a jamais existé.
C’est le MEDEF qui s’exprime !3 Le président de l’AFPA est un représentant du patronat. Le soi-disant père des 35 heures est en réalité un des parrains du capitalisme français, sans doute pas le plus gros mais bien présent au club.
Jugez plutôt : après un passage dans les cabinets de 2 ministres du 1er Mitterrand, Barou part pantoufler 4 dans le privé, chez Rhône-Poulenc. En 1999, il rejoint Martine Aubry pour préparer la loi sur les 35 heures. Ce tremplin lui permet de gagner enfin le tout premier cercle : celui de DRH d’un des grands groupes français, Thales.
Pendant près de 10 années, il fait partie du comité exécutif de Thales, touche un salaire exorbitant, sans compter les stocks options, les plans de retraite supplémentaire (une rente versée à vie) et très certainement une indemnité de départ à la retraite très élevée 5.
Les 9 membres du comité exécutif, dont Y. Barou, se sont partagés 6 en 2003 la somme de 5 Millions €. En 2004 :
En 2008, ils étaient 15 pour 8,16 Millions €.
Comme on le voit dans l’extrait ci-dessus du rapport 2004, les membres du comité exécutif se partagent aussi un total de « stock-options » . En 2006, les 12 membres détiennent 1 606 710 options. A ce titre, en 2007, Y. Barou achète 21 210 actions Thales pour un montant de 800 041 € et les revend la même année pour un montant de 944 057 €, soit une plus-value de 144 000 € !
Et en 2008, il récidive en achetant 3 944 actions Thales pour un montant de 140 000 €…
Yves Barou chez Thales : combien d’années de SMIC par an 40, 60, 80 ???
« Ces revenus demeurent bien supérieurs à ce que le talent, l’investissement personnel, la compétence, le niveau élevé de responsabilités ou la compétition internationale peuvent justifier. 7
Yves Barou, patron néo-libéral a contribué avec d’autres à permettre les ravages que nous vivons (presque) tous : chômage, austérité, misère,…Pendant 25 ans, l’actuel président de l’AFPA, jonglant avec les unités, a concouru à détruire les emplois, à fermer les implantations et à réduire les salaires !
Pendant 25 ans, il a été un des acteurs principaux de la précarisation et de l’intensification du travail, de l’externalisation des effectifs; il a contribué à l’individualisation des rémunérations…
Que peut-il comprendre des motivations et intérêts de la plupart des salariés de l’AFPA qui font un travail réel et qui pour plusieurs ne gagneront pas en une vie de travail ce qu’il gagna en une année ? Ce sont deux mondes.
Ce président est-il légitime pour invoquer la lutte nécessaire contre le chômage (qu’il a contribué à créer), de l’emploi (qu’il a contribué à détruire et à déstructurer en masse), de l’utilité sociale (que la hauteur de ses salaires passés ne lui fera jamais comprendre). Tous ses mots (utilité, solidarité, “Charlie”) sonnent creux.
Aujourd’hui, il s’apprête à sacrifier l’AFPA et la formation professionnelle qualifiante aux intérêts du patronat, en programmant une nouvelle réduction des effectifs productifs de l’AFPA et en bouleversant sa vocation : l’AFPA devrait vendre non plus de la formation professionnelle mais de l’accès à l’emploi et la nouvelle offre pédagogique et sa mise en oeuvre délaissent déjà la qualification au profit de l’acquisition de compétences…
En un mot, Yves Barou veut un modèle low-cost : faire fabriquer par des pauvres des emplois de pauvres !
1 Assemblée nationale; Commission d’enquête sur l’impact sociétal, social, économique et financier de la réduction progressive du temps de travail. Jeudi 16 octobre 2014 Séance de 11 heures 30 Compte rendu n° 25. Barou se présente comme Président de l’AFPA. http://www.assemblee-nationale.fr/14/cr-ceredutemtra/14-15/c1415025.asp
2 Exemple de propos : « Quand un accord est signé de manière majoritaire par les partenaires sociaux, le législateur n’a plus qu’à s’incliner. Si la direction et les syndicats d’une entreprise trouvent une solution intelligente, de quel droit viendrait-on s’en mêler de l’extérieur ? »
3 Pas étonnant de trouver un nouvel administrateur nommé de Virville : grand toiletteur du Code du travail et porte-flingue du MEDEF
4 Wikipédia : « Le terme « pantouflage » désigne de manière familière le fait pour un haut fonctionnaire (Polytechnique, ENA,…) d’aller travailler dans une entreprise privée. » La motivation : l’argent. A l’AFPA, un pantoufleur retraité Yves Barou et un pantoufleur actif le DG Estampes.
5 2 ans de salaire prévus pour le PDG de Thales par le comité des rémunérations dont faisait partie Yves Barou ! (plus de 2 Millions €….)
6 Rapports annuels documents de références Thales. Pour 2003, page 117, pour 2004 pg 162, 2006 pg 164, 2007, pg A53 et 2008 pgs 82 et 207.
7 Observatoire des inégalités : Les revenus démesurés des grands patrons et des cadres dirigeants http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=346&id_groupe=9&id_mot=164&id_rubrique=1