Cap Plein SUD IDF juillet 2016
Edito
Panem et Circenses, du pain et des jeux. C’est par cette pratique que les empereurs romains ont assis leur pouvoir sur le peuple durant la Rome Antique. 25 siècles plus tard, la recette continue d’être utilisée. Et ça marche ! Abrutissez le peuple à grand renfort de Roland-Garros, d’Euro 2016, de Tour de France et bientôt de Jeux Olympiques de Rio et vous pourrez en toute tranquillité faire un monumental bras d’honneur aux millions de manifestants cumulés qui ont défilé depuis plus de 3 mois contre la Loi Travail. Vous pourrez en profiter pour valider la construction d’un aéroport inutile commandé par vos amis de chez Vinci à qui vous offrez des millions d’euros pris dans les poches du contribuable. Et qu’on ne vienne pas dire que c’est le peuple qui s’est exprimé au travers d’un référendum pipé : lorsqu’on demande aux habitants de Nantes-Métropole (908 815 hab.) si l’aéroport les gêne en même temps qu’on demande aux habitants de Notre-Dame-des-Landes (2012 hab.) s’il sont prêts à se faire exproprier, on connaît déjà le résultat du référendum.
C’est d’ailleurs ce principe du référendum qui va pouvoir s’appliquer partout en entreprise avec la loi qui vient de n’être pas votée : si les syndicats majoritaires refusent de signer un accord, alors il restera le référendum direct auprès des salariés. On pourra librement répondre par référendum aux questions du genre « préférez-vous travailler les jours fériés ou bien être licencié ? », « Accepteriez-vous la baisse de votre salaire en échange du maintien de votre emploi ? ».
C’est beau, la démocratie directe, il suffit juste de savoir poser les bonnes questions. Et Myriam El Khomri aura laissé son nom à une loi. Sauf que n’est pas Simone Veil qui veut car autant les lois Veil sont un vrai symbole de progrès social, autant la loi travail va permettre de s’attaquer aux salariés et à leurs droits, et parmi les salariés aux plus faibles d’entre eux : les salariées.
À part ça, l’équipe de France de foot vient de perdre en finale. Mais qui sait, peut-être Manuel Valls va dégainer une fois de plus le 49-3 pour annuler le 1-0 de la défaite.
Bernes sur Oise – pays de gale : nul(s) !
Depuis le 2 mai 2016 le centre AFPA de Bernes sur Oise accueille des sans-papiers et les héberge. Une demande de réunion extraordinaire du CHS-CT (Comité d’HYGIÈNE et Sécurité et des Conditions de Travail) a été faite le lendemain (3 mai) afin de traiter plusieurs points, portant sur la sécurité et l’hygiène. La direction n’a pas daigné répondre favorablement, arguant du fait qu’un seul des membres du CHS-CT en avait fait la demande, sans obtenir l’accord des 2 membres restants.
Soit ! c’est un choix de la direction, et pourtant dans le compte-rendu du mois de décembre ces questions avaient été posées, auxquelles la direction du centre avait répondu « Aujourd’hui ce n’est pas d’actualité, mais les moyens seront abordés sur tous les thèmes en amont de leur arrivée. »
Qu’attendait donc la direction pour répondre à ces questions ? Un cas de gale ? Non. Deux cas de gale ? Non. Un troisième peut-être ? Toujours pas !!! Il a fallu un quatrième cas de gale, un stagiaire en marché privé, ainsi qu’une intervention des élus SUD auprès de la directrice régionale, pour qu’enfin un CHS-CT extraordinaire soit mis en place.
Nous parlons certes de la direction, mais que dire de la passivité des deux autres membres du CHS-CT qui n’ont pas répondu favorablement à la demande…
Depuis, tous les sans-papiers ont été pris en charge dans des conditions dignes et humaines, une désinfection des hébergements et de certains bâtiments (dont l’administratif) a été réalisée. De plus un médecin s’est déplacé sur le centre de Bernes le vendredi 17 juin afin de répondre aux questions des salariés.
La direction nous a informé que l’association COALLIA, censée prendre en charge – moyennant finances – le quotidien des sans-papiers de Bernes, « était loin d’être à la hauteur ». Doux euphémisme, ou bien la « hauteur » était telle que c’est la raison pour laquelle on n’a pas pu les voir.
Temps de travail des formateurs : le saviez-vous ? Définitions (1/2)
Après avoir énoncé les 4 activités du temps de travail des formateurs-trices et le lieu où elles se déroulent (Cap Plein SUD IdF Avril), après avoir démontré que leur temps de travail hebdomadaire était plus souvent 38 heures que 37 (Cap Plein SUD IdF Mai), voyons les définitions à donner aux activités :
Face à face pédagogique. Activité pendant laquelle le formateur est entièrement disponible pour les stagiaires. Le face à face pédagogique ne se réduit pas, comme beaucoup le pensent, au cours magistral en salle. Les stagiaires en atelier sont en « face à face pédagogique », quand bien même le formateur peut être dans son bureau, à l’administration. C’est l’équivalent, en comparaison avec le Code du Travail, de la pause. Si le salarié reste à disposition de l’employeur pendant la pause café (répond au téléphone, lit ses courriels professionnels, etc), ce temps de pause est du temps de travail effectif. Si pendant la pause, le salarié est libre de ses activités, n’est pas tenu d’être sur son poste de travail, peut même quitter l’entreprise (exemple de la pause méridienne), alors ce temps n’est pas du travail effectif. Être en face à face pédagogique ne signifie pas être les yeux dans les yeux en permanence avec les stagiaires. Pendant l’activité « Face à face », la responsabilité pénale du formateur peut être engagée en cas d’accident de stagiaire.
Veille technique et pédagogique.
Principe d’autoformation individuelle de maintien des compétences de chaque formateur, aussi bien sur la technicité de la formation dispensée, que sur les pratiques pédagogiques (les secondes étant moins évolutives que les premières, les processus et mécanismes d’apprentissage d’adultes en formation n’étant pas liées à des évolutions technologiques). La veille est prévue pour s’accompagner d’un retour mutualisable.
- Exemple 1 : lecture de « L’usine nouvelle », découverte d’un nouveau type de matériel, d’un nouveau langage de programmation,… → compte rendu au groupe lors de la réunion du GRN du mois suivant.
- Exemple 2 : lecture de « L’usine nouvelle », pas de nouveauté, compte rendu au groupe qu’il n’y a rien de nouveau. Le principe de la veille n’est pas de trouver quelque chose de nouveau toutes les semaines, mais de veiller « au cas où » il y aurait quelque chose de nouveau.
Pendant l’activité de « veille pédagogique », la responsabilité pénale du formateur NE peut PAS être engagée. À suivre…
(Dés)Organisation du Travail : il ne manquait plus qu’une loi
Mardi 5 juillet, vers 17 heures Place de la Bastille, la onzième manifestation contre la loi « travail » se termine, quand tombe la nouvelle de l’utilisation une nouvelle fois de l’article 49-3 de la Constitution pour soustraire le texte au débat parlementaire. Après quatre mois de contestation et onze manifestations, la nouvelle fait à tous les participants, l’effet d’un bras d’honneur.
Ce texte constitue l’attaque la plus violente portée contre les acquis des salariés, depuis le début du 20ème siècle. Pour les détails, nous vous recommandons de (re)lire le tract que SUD FPA diffusait en juin, intitulé « La loi El Khomri et son monde ». Pourquoi « … et son monde » ? Parce que ce projet de loi n’est que le premier acte de la mise en place d’un modèle de société dans lequel les droits des salariés vont devenir de plus en plus faibles.
Au de là de l’aspect légal, rappelons que le plan stratégique de Philippe Caïla prévoyait déjà une déresponsabilisation des acteurs par une confiscation de l’autonomie des acteurs, qui reposait sur leurs compétences, au profit des prérogatives d’une petite maîtrise, à l’effectif stable voire croissant, qui s’applique à l’obtention des résultats quantitatifs de l’activité de vente de produits de formation.
Fragilisation professionnelle, puis fragilisation sociale.
Un nouveau « progrès » se dessine en Ile de France : certains centres souffrent déjà d’une crise du logement qui oblige les formateurs à réinventer tous les matins leur mode de fonctionnement selon la salle qu’ils ont trouvée – ou pas-, et son équipement. Le phénomène va désormais se répandre partout avec le plan 500 000. Mais face à cela, l’élément de langage dicté par la direction régionale circule déjà : il consiste à dire et faire dire qu’il n’y a qu’à l’AFPA que les salles sont dédiées, alors que dans tous les autres organismes de formation, cette dérive de confort n’existe pas. C’est impossible à prouver, mais peu importe. Et malgré le fait que certains centres aient déjà développé le nomadisme des salles et des ateliers, force est de reconnaître que nous ne sommes pas à la pointe du progrès au sein du SPE : dans les agences de Pôle Emploi, les chaises ont depuis longtemps disparu. L’AFPA a encore des marges de « progrès ».
Pour trouver un représentant SUDFPA-Solidaires en Ile de France |
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Paris : Martine GLEYZE |
Nanterre/Meudon/Plessis : François DUVAL |
DRIF : Jean-Marc CELLIER |
Stains/Gonesse : Bertrand DULIEU |
Champs/Meaux : Jean-Jacques LEFEBVRE |
Créteil : Bernard BONNET |
Évry-Ris/Lardy : Jean DUFAU |
Bernes / SOA : Pascal GRANDIN |
12 juillet 2016 3:06