Analyses du CRE AFPA Languedoc-Roussillon de mars 2019
Le personnel de Rivesaltes a des choses à dire
A la lecture de la motion du personnel de Rivesaltes adressée au DR, portée par le CRE signée par la quasi-unanimité du personnel, il apparait un constat sans appel elle fait ressortir une organisation du travail pathogène selon les critères INRS (institut national de recherche et de sécurité) :
- Un décalage entre les prises de décisions « prises en chambre » et la réalité de terrain (confirmé par l’expertise Progexa qui relève que 84% des salariés Afpa au national considèrent que les grandes décisions sont prisent de manière déconnectées du terrain).
- Surcharge de travail (intensité et complexité du travail)
- Un manque de reconnaissance du travail bien fait poussé jusqu’au mépris. (qualité du travail empêché : conflit de valeur).
- Absence de dialogue dans le travail. (Rapport sociaux au travail dégradé).
- Une forte insécurité dans l’emploi et la conduite brutale du changement dans l’entreprise suite au plan.
A la question : Mr le DR, cette déclaration vous surprend-elle ? La réponse spontanée est « oui ». Surprise qu’il explique par l’éloignement du terrain dû à ses fonctions.
- SUD : on retrouve cette situation partout !!
- Le DR : quatre raisons expliquent la situation particulière de Rivesaltes
- Un AO décevant (même s’il compte sur des bons de commande complémentaires en avril, de 25 à 30 %).
- Le plan de transformation.
- Beaucoup de changement de managers ces derniers temps.
- Demande au nouveau directeur lors de son arrivée d’augmenter le taux de productivité. Ce qui, forcément, génère des tensions (sans reconnaissance financière pour l’effort fournit).
« Le principe central, la conviction, c’est que l’on ne peut réussir dans un centre qu’avec la confiance et l’engagement des salariés. Le dialogue et la concertation doivent être privilégiés ».
- SUD : vous avez écouté la déclaration, comment les salariés sauront s’ils ont été entendus ?
- Le DR : Il faut que j’en discute avec l’équipe de direction. (Avec cela, pour l’instant nous n’avons rien !).
- SUD interpelle la représentante de la DRH (référente RPS) sur les risques psychosociaux (RPS) avérés exprimés dans cette déclaration :
- Rapport sociaux au travail dégradé,
- Intensité et complexité du travail
- conflits de valeurs,
- insécurité de l’emploi et du travail,
Soit quatre des sept critères retenus par l’INRS (fiche 6140) pour identifier les situations à risques. D’autant que le passage de risque à troubles est ténu.
SUD a rappelé l’obligation de l’employeur de garantir la bonne santé de ses salariés.
Dispositif d’alerte RPS
Contraint par la diffusion du suicide d’un collègue suite à l’annonce du plan et aux conclusions catastrophiques de l’IC-CHSCT, l’Afpa crée « un dispositif d’alerte RPS ». En effet, les experts Progexa ont démontré que les risques puis les troubles psychosociaux apparus depuis plusieurs années n’ont pas été pris en compte malgré de nombreuses alertes. Enfin, le plan et son annonce ont fortement aggravés certains troubles.
Il est important de retenir que les troubles ne disparaitront pas. Ni à l’issue de la procédure d’information-consultation, ni à l’issue du déploiement des projets (voir rapport Progexa).
Force est de constater que pour l’instant ce « dispositif » ne traite que les cas d’urgence (prévention tertiaire) il ne traite pas des causes, c’est-à-dire l’organisation pathogène du travail (prévention primaire : suppression du danger, prévention secondaire : faire avec, mais en se protégeant).
Si le dispositif reste dans l’état, c’est-à-dire une identification et un traitement des urgences, on ne peut appeler cela de la prévention.
Il s’agirait alors de protection juridique maquillé dans une usine à gaz.
Le quotidien n’a jamais été aussi anxiogène
Théoriquement le travail devrait être adapté à l’individu, qui doit garder une certaine liberté dans son travail et dont les qualités doivent-être reconnues.
Normalement le travail protège, la perte d’emploi est une petite mort. Le travail est non seulement la rémunération, mais aussi la créativité au quotidien et le lien avec les autres.
Licencié à 50-55 ans, on sait que c’est compliqué de remonter dans le train social.
Dans certaines circonstances, lorsqu’il y a un décalage entre le don et la réception alors le travail ne protège plus, la fatigue s’installe, les douleurs dorsales, les troubles du sommeil, les problèmes de peau. Les gens s’isolent deviennent agressifs, tentent de se relancer pour retrouver le plaisir du début.
C’est un fait, tous les anciens peuvent en témoigner, le travail sain à l’Afpa se dégrade tous les jours un peu plus. Ce qui explique qu’autant de collègues souhaitent que la réorganisation favorise un plan de départ volontaire.
Mais ceux qui restent ? Quelle situation trouveront-ils ??
Nous partons de très loin en matière de prévention à l’Afpa puisque la souffrance au travail a toujours été niée même si beaucoup de « burnout », de licenciements pour « inaptitude » ont eu lieux. D’autant que c’est aussi intériorisé par les salariés, puisqu’accepter une faille chez son collègue, c’est quelque part accepter une faille chez soi. Dans la majorité des cas c’est « pas de ça chez moi ! ».
La racine du problème se situe dans les lieux de pouvoir : le siège et en cascade les DR, les DC, les managers, puisque ce sont eux qui décident de l’organisation du travail en limitant le plus possible l’autonomie des petites mains à leurs avantages.
La mobilisation du personnel de Rivesaltes est salutaire, certes les salariés ont eu peut-être l’impression de prendre un risque en osant prendre la parole mais les salariés se reconnaissent dans cette expression.
Elle nous permet d’aborder les vrais problèmes de travail sans fard, sans maquillage.
26 mars 2019 12:50