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Arnaque à 110 Millions

Sauvetage de l’AFPA par le gouvernement : une arnaque à 110 Millions d’euros

(voire plus si affinités).

 Ainsi donc, l’AFPA serait sauvée du dépôt de bilan grâce à l’intervention salutaire du gouvernement. Le premier ministre est venu le confirmer à Caen le 14 janvier, devant un parterre de groupies applaudissant à tout rompre cette décision « historique » (le terme à été lâché par le Président Barou lui-même).

Sauf que, cette prestation nous a permis de découvrir quel était le super pouvoir de ce super Ayrault : la super-hypnose1.

Car loin de sauver l’AFPA, les mesures annoncées ne vont que prolonger l’agonie de l’Association. Sarko avait décidé de nous étouffer, le nouveau gouvernement pratique la saignée. C’est donc ça, le changement !

Au final, ce sont les salariés qui vont payer le prix fort pour vouloir rester un service public dans le giron de l’État, ce sont les stagiaires qui vont payer le prix fort pour vouloir une formation qualifiante. « Apport de fonds propres » et « Baux Emphytéotiques Administratifs », SUD FPA décortique pour vous les effets des mesures présentées à Caen le 14 janvier.

 La fausse bonne idée des 110 millions d’euros

Disons le tout de suite, 110 millions, même si c’est une somme énorme a priori, ne représentent QUE 45 jours de fonctionnement de l’AFPA. Or, l’état de délabrement dans lequel l’a laissée le gouvernement précédent va nécessiter bien plus de temps pour remettre l’Association en état de fonctionnement. C’est a minima 6 mois, voire 1 an qui auraient été nécessaires pour se reconstruire. À cette somme, il aurait fallu ajouter le remboursement des dettes de l’AFPA : cotisations URSSAF, cotisations aux caisses de retraite et cotisations à la complémentaire santé n’ont plus été payées pendant 6 mois. Enfin, il aurait fallu rembourser une dette encore plus importante : la dette envers les salariés de l’AFPA. Depuis des années, la politique salariale a été tirée vers le bas, au point qu’aujourd’hui, les premiers salaires d’embauche conventionnels sont inférieurs au SMIC : bravo, pour un organisme « social », notamment géré par les confédérations syndicales. Enfin, qu’on se rassure, la misère, c’est ce qui manque le moins, surtout chez les pauvres. Et puis, des primes jusqu’à 12 000 euros1ont encore été versées en 2012. Heureusement que c’est la crise profonde, on n’ose pas imaginer quel aurait été le plafond dans le cas contraire.

 110 millions de l’État, pour pouvoir en emprunter 250 aux banques

 C’est bien connu, tout le monde se goinfre avec le pognon de la formation professionnelle1. Il n’y a pas de raisons que les banques n’en profitent pas elles aussi. Au delà de la confirmation des vrais besoins de financement de l’AFPA, cette somme nécessaire au sauvetage de l’AFPA, mais apportée par d’autres, donne un signe supplémentaire de l’abandon de l’Association par l’État : ce n’est plus à lui qu’il faudrait rendre des comptes, mais aux banquiers. C’est bien connu que ces gens sont des philanthropes dont le souci premier est le bien être et la qualification des demandeurs d’emploi.

 À propos de rendre des comptes, combien ça va nous coûter, ces 110 millions ?

 Cher, très cher. Et surtout, pendant très longtemps. Car toute la finesse de l’État aura été de souscrire des obligations associatives. C’est comme un prêt, sauf qu’il n’a pas de fin. On a beau rembourser1 tous les mois, au bout des 20 ans, la somme due est toujours la même. On paye des intérêts ad vitam æternam. Et le nouveau directeur général Estampes de nous expliquer que « c’est pas grave, parce que au bout de 20 ans, pour rembourser le capital, on souscrit à nouveau des obligations ». C’est beau la finance, et tellement simple de jouer avec le pognon des autres.

 Bref, à 4 % de rente par an, l’AFPA devra servir à l’État 4,5 millions d’euros par an, ce qui, ramené au nombre de salariés, reviens à 500 euros par tête de pipe. Si on ajoute que l’État va souscrire de nouvelles obligations pour arriver à un total de 220 M€, ce sont plus de 1 000 euros par an que chaque salarié de l’AFPA devra « verser » à l’État tous les ans, pour au moins les 20 prochaines années. Même les capitalistes purs et durs ne pratiquent pas de la sorte : ils sont associés aux dividendes, ce qui implique qu’ils ne touchent rien si les résultats ne sont pas là. Pendant ce temps là, le salariés devront renoncer à toute augmentation de salaire, le remboursement des banques et de l’État étant prioritaire. Un peu comme dans ces histoires qui se passent dans le bronx, où il faut payer un impôt pour avoir le droit de travailler, où il faut acheter la protection du parrain, sinon…

 110 millions pour solde de tout compte ?

 C’est, en gros, le discours tenu. Au motif du droit d’inventaire (« c’est pas nous, c’était comme ça quand on est arrivés »), le nouveau gouvernement veut s’exonérer des dettes de l’État envers l’Association. Pourtant, depuis 2005, l’État ne verse plus rien ou presque pour l’entretien de son patrimoine. C’est l’AFPA qui paye les rénovations (rares) et l’entretien pour éviter la fermeture des sites de formation1. Au bas mot, ce sont 60 millions qui étaient versés jusqu’en 2004 pour tous ces travaux et qui font défaut depuis cette date2. Quoi qu’il en soit, plus que de subsides, c’est d’activité dont l’AFPA à besoin pour se remettre à flot. Et là, aucune intervention de l’État. À croire qu’il n’y a plus de chômeurs à former en France…

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 Pour SUD FPA, ces 110 millions ne sont que le prix de la bonne conscience du gouvernement d’un Ayrault pas si super. En aucun cas, ils ne sont une vraie mesure de reprise du service public de la formation des chômeurs par l’État. Si on ajoute qu’en prenant l’option des obligations, l’État agit comme un vulgaire fonds de pension étasunien, uniquement orienté vers les intérêts que rapporte son placement, on ne peut que s’inquiéter sur l’avenir de l’AFPA et sur la volonté de l’État que la formation qualifiante des chômeurs perdure.

 La semaine prochaine : la fausse bonne idée des baux emphytéotiques administratifs

1 Super-menteur, c’était déjà pris !

2 Lire l’article paru sur RUE 89 « UIMM, la caisse noire remplie par des stagiaires fantômes » http://www.rue89.com/2008/06/06/uimm-la-caisse-noire-remplie-par-des-stagiaires-fantomes

3 Ce qui fait remonter sensiblement les moyennes et fait dire à nos détracteurs qu’on est trop payé à l’AFPA. Que les gros salaires (parmi nos lecteurs) lèvent le doigt…

4 Il ne s’agit d’ailleurs pas de « remboursement » au sens propre, dans la mesure où on ne paye que les intérêts, le capital dû reste entier pendant la durée des obligations.

5 Pour raisons de manquement à l’hygiène (DDASS/ARS) et/ou raisons de sécurité (Commissions Communales de Sécurité).

6 À rapprocher des 53 millions de pertes en 2011 et des 75 millions de perte en 2012. À qui la faute ?

11 février 2013 3:12 Publié par