Bercy veut-il la mort de l’AFPA ?
http://blogs.alternatives-economiques.fr/abherve/2017/09/17/bercy-veut-il-la-mort-de-l’afpa
L’été n’a pas apporté de solution miracle pour l’AFPA comme le montre Les Echos dans l’article d’Alain Ruello intitulé ” Le numéro 1 de la formation professionnelle creuse ses pertes “
Trois points ne peuvent qu’inquiéter
- la baisse des commandes de formation de la part des conseils régionaux, massive dans les Pays de la Loire (pour une large part au profit des GRETA) et en Auvergne Rhône Alpes, plus légère mais non négligeable dans plusieurs autres régions
- Une trésorerie très tendue, avec un découvert approchant de près la limite autorisée, que ne peut qu’accentuer un déficit de 72 025 000 € sur le résultat net au 30 juin 2017, selon la Lettre ouverte de la CFE CGC AFPA aux membres du Conseil d Administration
- Le retard dans la mise en place des deux filiales, ce qui ne peut que confirmer les réticences exprimées par la Cour des Comptes (voir Selon la Cour des comptes, la transformation de l’AFPA en EPIC n’a pas résolu les difficultés)
Cette situation à conduit les élus du Comité Central d’Entreprise réuni le 13 septembre à produire la déclaration suivante
” Dans le cadre du « droit d’alerte Economique », les élus du CCE constatent que les informations économiques fournies par la direction générale ne sont pas actualisées et pas à la hauteur de leurs attentes. L’absence de réponses en séance et le report des réponses à fin septembre ne sont pas admissibles et contraires aux engagements de la direction générale d’avril dernier. Par ailleurs la direction générale n’a pas répondu aux demandes récurrentes de la commission « Economique » et des experts concernant ces éléments financiers.
Nous exigeons de la direction générale, la production ce jour, en séance plénière, des informations suivantes :
- l’état de la trésorerie au 12/09/2017
- les encaissements à fin août 2017
- la projection de trésorerie à 3 mois
- les mesures qu’elle compte mettre en œuvre en cas d’impasse de trésorerie
En attente de ces éléments, les élus suspendent la séance et la reprendront dès l’apport des éléments demandés.”
Dans le même temps les élus représentant les salariés au Conseil d’Administration de l’EPIC, Christian Filliot de la CGT et Thierry Cheype de la CFDT publient un communiqué mettant fortement en cause Bercy
” Il nous apparaît clairement aujourd’hui que le devenir de l’AFPA est très sérieusement remis en cause par ceux-là même qui sont majoritaires au CA. La posture des représentants de l’Etat au CA et tout particulièrement ceux du ministère des finances nous amène à penser que tout est organisé pour empêcher la mise en œuvre de la transformation de l’AFPA en un EPIC et ses 2 filiales, selon le schéma initial validé par le gouvernement précédent. Notamment, par la contestation des traités d’apports aux filiales et le rejet annoncé du projet des principes de comptabilité analytique qui obèrent très sérieusement la mise en œuvre au 1er janvier 2018 du projet (traités d’apport et transfert des personnels dans les filiales). Une telle situation aurait de graves conséquences au regard des engagements pris auprès de la commission européenne et provoquerait sans doute le retour des attaques de la FFP.
Alors quel est le projet pour l’AFPA fomenté par les services de Bercy ?
Le seul crédo est d’ordre économique, l’objectif est de ne plus mettre d’argent dans l’EPIC AFPA (oui pour la garantie de l’Etat, mais à condition de ne pas avoir à la mettre en œuvre). Or, la mise en appels d’offres publics organise une concurrence mortifère entre organismes de formation y compris publics. Les prix unitaires sont tirés vers le bas, chacun essayant de capter suffisamment d’activité pour survivre, ceci entrainant de fait la baisse de qualité des prestations. Dans cette spirale régressive, et face à l’insuffisance d’inscriptions de stagiaires par les prescripteurs (principalement Pôle Emploi), la filiale « Accès à l’emploi » de l’AFPA ne peut pas avoir de perspectives de retour rapide à l’équilibre, contrairement à ce que prétend la direction générale. Le projet de Bercy ne serait-il donc pas de faire la démonstration de l’incapacité de la ou des filiales de revenir à l’équilibre pour s’en séparer au plus vite, sans avoir à faire porter le déficit ainsi généré sur l’EPIC ? L’objectif ultime du ministère des finances ne serait-il pas un EPIC ne comprenant que la mission de certification des titres du ministère du travail assurée par quelques centaines de salariés ? Promesse de garantie de l’Etat tenue sans aucun euro sorti des caisses de l’Etat, mais malheur aux milliers de salariés piégés dans la ou les filiales.
Dans l’immédiat, l’AFPA aurait besoin, selon nos sources, de 100 millions de trésorerie pour boucler l’exercice 2017 : ce que Bercy se refuse à devoir financer. L’alternative « gestionnaire » proposée par Bercy pourrait donc être un plan de suppression d’un nombre très conséquent d’emplois (comment et dans quelles conditions ?). Cela viendrait évidemment s’ajouter à la saignée en cours depuis 4 ans (-3 000 salariés) et dont aucun impact économique positif n’a pu être comptabilisé.
Se refusant à considérer que la disparition de l’AFPA en tant qu’organisme de formation soit inéluctable, les représentants des salariés au conseil d’administration en appellent aux organisations syndicales de l’AFPA pour éclairer le personnel sur ce qui se trame dans son dos. Une mobilisation du personnel tout entier pour faire front, face à l’assaut du ministère des finances, s’impose.
De même, nous appelons les confédérations syndicales de salariés représentées au Conseil d’Administration à s’unir pour construire le rapport de force auprès du gouvernement contre ce funeste projet. Déjà en 2011, les 5 confédérations s’étaient retrouvées dans un écrit commun pour défendre l’avenir de l’AFPA. L’heure est encore plus urgente aujourd’hui : il s’agit de sauver notre service public de formation professionnelle des adultes. Le combat pour l’avenir de l’AFPA doit être ouvert au plus vite avant que le débat sur la réforme de la formation professionnelle ne vienne occuper toutes les attentions et énergies. “
Le Conseil d’Administration est prévu le 26 septembre.Sera-t-il l’occasion d’une clarification ou marquera-t-il la poursuite d’une jeu de dupes ?
A l’AFPA, les syndicats attendent une décision du nouveau gouvernement pour sortir du champ concurrentiel
19 septembre 2017 6:01