CAP Plein SUD IDF Mai 2017
Edito Ca y est la France a un nouveau président de la République et un nouveau gouvernement ! « Ni de Droite, Ni de Gauche ! ». Bon, outre le fait qu’il n’y a que ceux de droite qui se prétendent « ni de droite, ni de gauche », cette expression n’a pas plus de sens qu’elle n’a de fondement : le positionnement « à droite » ou « à gauche » vient de l’endroit où les député.es s’assoient à l’Assemblée Nationale. Dans cette logique, n’être ni à droite, ni à gauche signifie ne pas avoir de député au parlement. Mais encore, historiquement parlant, le positionnement « Droite » et « Gauche » remonte à l’époque des Rois de France pendant laquelle la population était classée dans 3 ordres : la Noblesse, le Clergé et le Tiers-État, chaque ordre ayant des représentants qui siégeaient lors des États Généraux, les nobles et le Clergé à droite du souverain, le Tiers-État à sa gauche. Dans ce cas, n’être ni de droite, ni de gauche, c’est vouloir occuper la place centrale, celle dite « de droit divin », bref, c’est s’affirmer comme monarque absolu. D’ailleurs, la réforme du Code du Travail par ordonnances, c’est à dire sans débat par les députés, n’est qu’une déclinaison de cet état d’esprit.
Bon, qu’on se rassure, vu la composition de l’équipe gouvernementale, on sait déjà que la politique qui va être menée ne sera « ni de gauche », ce qui est déjà tenir la moitié de la promesse. Entre un premier Ministre qui « a été socialiste pendant 3 ans dans sa jeunesse », histoire probablement d’animer les repas du dimanche en famille et de ressentir le grand frisson de la transgression, et une ministre du Travail qui, après avoir elle aussi coché la case « j’ai été socialiste dans ma jeunesse », était jusqu’à la veille de sa nomination chef d’entreprise après avoir servi chez Dassault Systèmes et au sein du Groupe Danone, la politique « sociale-libérale » promise va être tenue elle aussi pour moitié. Encore une fois, une communication d’enfumage à l’attention des électeur-trices qui n’en peuvent plus des partis politiques, surtout ceux qui se revendiquent de gauche et appliquent des politiques antisociales dès qu’ils sont au pouvoir. Au moins, cette fois, la droite décomplexée s’assume, elle dit ce qu’elle va faire et particulièrement en matière de casse du modèle social français. Et ça commence par la destruction du Code du Travail, vous savez, ce gros bouquin qui dit que les travailleurs ont des devoirs, mais aussi des droits. Là encore, il s’agit d’en conserver la moitié. Cette fois, on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.
Brèves de CRE
GTA, il va falloir accélérer un peu
Rien à voir avec le jeu sur console. GTA, Gestion des Temps d’Activité, la pierre angulaire de la comptabilité analytique à l’AFPA, va revenir en force au cœur des réunions de GRN. La raison ? Le changement du mode de calcul du travail réalisé pour l’État (VAE, sessions de certifications, validations des jurys, …). Payé jusqu’à présent à l’acte pour un montant forfaitaire, il est depuis le passage de l’AFPA en EPIC payable au coût réel des frais engagés par l’AFPA, frais réels qu’il faut pouvoir justifier. Bonne nouvelle… ou pas ! En effet, le financement au coût réel permet de se faire payer le temps effectif et les moyens effectifs mis en œuvre. Ça évite de bâcler le travail pour cause de prix tirés, ça permet de retrouver du sens à ce qu’on fait. Sauf que ! Il faut pouvoir justifier des sommes réellement engagées pour effectuer le travail commandé. Et c’est là que le bât blesse. Parce que GTA et tout, sauf un outil de comptabilité analytique. Ne serait-ce que par son mode de calcul en pourcentage en non pas en heures de travail : finis les risques de voir apparaître des heures supplémentaires, impeccable pour le travail en temps masqué. Résultat : moins d’un formateur sur 2 remplit sa feuille correctement, aucun ne peut le faire sur le travail en temps masqué. Prenons un exemple : comment est remplie une feuille GTA d’un formateur, la semaine où son groupe passe l’examen final ? Surtout si, pour gagner en rentabilité, il est mis sur un autre groupe de stagiaires pendant ce temps là ? Réponse : 100 % en activité de formation. Et donc, analytiquement, la présentation des stagiaires à l’examen, payée par l’État, occupe 0 %, et logiquement ne coûte rien, donc l’État ne paiera rien à l’AFPA. Vaste chantier que compte ouvrir la directrice régionale. Surtout qu’il est prévu que ce soit les formateurs qui seront garants des pourcentages notés dans GTA. Comme dans le jeu, ça risque de bastonner sévère pour récupérer le pognon…
Fermetures de Centres AFPA : ça avance, ça avance.
Comme partout dans les Régions, le recensement de « l’empreinte territoriale de l’AFPA » s’est déroulée en IdF. Au menu, relever les m² de bâtiments, les m² de terrain, compter le nombre de stagiaires, le nombre de plateaux inutilisés. Les directeurs de centre ont reçu un questionnaire très détaillé, qui participera à l’élaboration du SPSI (Schéma Pluriannuel de Stratégie Immobilière), qui participera lui-même à l’atteinte d’un « modèle économique soutenable ». Ça, c’est le discours politiquement correct. En fait, il s’agit de réduire les dépenses et d’augmenter les bénéfices (la notion de service public est définitivement morte). L’AFPA va se séparer des locaux et terrains ayant les meilleurs taux au m², de manière à dégager du cash. Et comme ça ne va pas suffire, il faudra arrêter les prestations chroniquement déficitaires (au hasard, l’hébergement et la restauration), si on n’arrive pas y faire venir plus de monde, « le centre de Meudon fonctionne sans restauration et sans hébergement ». Sauf que les stagiaires de Meudon, ils sont hébergés à Stains par exemple, et qu’il y a (encore) une restauration sur place.
Mais qu’on se rassure, c’est pas pour tout de suite, il faut juste que chaque région soit à l’équilibre économique en 2020.
Ah ben si, en fait ! C’est pour tout de suite.
Déflagration chez les plombiers à Stains : le responsable est…
Rappel des faits : le 21 avril, une explosion se produit dans l’atelier des ITS (Installateurs Thermique & Sanitaire). Véhicules de pompiers, stagiaires blessés (3 au total), c’est pour de vrai. La cause de la déflagration : une poche de gaz inflammable s’est accumulée, et forcément, quand la poche a été suffisamment grosse pour entrer en contact avec la flamme d’un chalumeau1, ce qui devait arriver arriva. 2 mois plus tard, l’enquête diligentée pour trouver les causes de l’accident croit avoir trouvé le responsable : le formateur. Rendez-vous compte : il n’a pas su empêcher ses stagiaires de venir se plaindre, il n’a pas interdit à ses stagiaires d’écrire au FONGECIF.
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Et le fait que l’atelier est calibré pour 2 groupes et qu’il y en avait 3 ?
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Rien à voir.
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Et l’extraction (des fumées de soudage), inexistante à l’endroit de l’accident ?
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Aucun rapport.
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Et le signalement par le formateur, en octobre 2016, que les manodétendeurs neufs étaient défectueux mais qu’ils n’ont jamais été remplacés « parce que le vendeur ne veut pas nous les reprendre et que ça coûte trop cher » comme l’a dit un membre de la direction lors d’une AG du personnel ?
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Puisqu’on vous dit que la cause est ailleurs.
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Bref, le directeur du Centre de Stains, qui d’ailleurs a pris ses fonctions à l’AFPA ce même mois d’avril, envisage2 d’engager une procédure disciplinaire contre le formateur, pour défaut de loyauté envers l’employeur. Que dire dans ce cas du comportement du manageur de formation qui profite de l’absence du formateur pour aller recueillir, absolument pas sous la contrainte ni la menace d’exclusion, des témoignages à charge auprès des stagiaires ITS. Ça ne donne pas l’impression d’être un modèle de loyauté envers le salarié.
Quand on sait que le même scénario, 3 groupes de stagiaires dans des ateliers formatés pour 2, va se reproduire chez les frigoristes, ça fait froid dans le dos. Parce que eux, c’est pas juste de l’acétylène qu’ils utilisent, mais aussi des gaz réfrigérants, dont certains se transforment au contact de la flamme en gaz toxiques type phosgène et autres gaz moutarde. Productivité à outrance, quand tu nous tiens…
1 Eh oui, il existe encore des formations où les stagiaires apprennent un métier autrement qu’avec MÈTIS.
2 On ose espérer que sa réflexion n’ira pas au-delà.
13 juin 2017 3:17