Cap Plein SUD IDF mars 2017
Edito
Brève de Comptoir. 2 types accoudés au zinc. Le premier :
« – Vous vous rendez-compte ! Les derniers scanners sont capables de déchiffrer 20 000 caractères à la seconde…
– … avec un taux d’erreur de 1/10 000ème. C’est quand même formidable, non ?!
L’autre lève le nez de son journal, pose sa tasse de café, regarde son interlocuteur et répond :
– Deux conneries à la seconde, c’est ça que vous appelez le progrès ? »
Si on en croit le dernier opus pondu par le président Barou (mais est-on sûr que ce sera bien le dernier ?), c’est le numérique qui sauvera la formation, c’est le numérique qui sauvera l’AFPA, le chômage de masse n’a qu’à bien se tenir. C’est vrai que le web et l’internet sont de formidables outils. En un seul clic, on peut lire tout ce qui se publie partout dans le monde numérique. Et l’inverse est vrai aussi, on peut s’adresser à des gens, instantanément et mondialement, sans les voir, sans même les connaître. Bon ! Le problème, c’est quand on publie une connerie, elle devient instantanément planétaire, et la perte de crédibilité est proportionnelle à l’auditoire.
Par exemple, prenez le site afpa.fr, vitrine de « l’Agence ». Cherchez-y la formation « Charpentier Bois ». Vous y lirez « Métier de tradition, le charpentier bois doit aujourd’hui savoir manier aussi bien la scie et le marteau que des logiciels de CAO /DAO et de calcul. ». Sans oublier la plieuse (à bois ?), comme le montre l’illustration qui accompagne la page web ? Sur la page de description de la formation TIFCC, ce sont l’orthographe et la grammaire qui sont mises à mal. Et on pourrait parler de Métis, « LA » prochaine révolution pédagogique à l’AFPA, qui, faute d’une relecture parce que c’est l’urgence qui décide, affiche des formules et des équations fausses. Tout ça ne fait pas très sérieux !
Car c’est le risque : à vouloir supprimer l’humain, et a fortiori le professionnel, dans la formation des stagiaires, on supprime les garde-fou et les gardiens des savoirs et savoir-faire.
Bref ! L’outil numérique, qui n’aurait dû rester qu’un OUTIL, est devenu l’enjeu d’un plan com’, au même titre que des caméras sont des moyens de « vidéoprotection ».
Une dernière pour la route : faites traduire par un outil numérique automatique la phrase « Les poules qui couvent au couvent s’étaient enfuies dès qu’on leur avait ouvert la porte ». Résultat garanti au bout de 2 aller-retours Français – Anglais.
28 mars 2017 1:24