Compte-rendu CRE – Languedoc-Roussillon Juillet 2018
- La mobilité contrainte, imposée comme règle de fonctionnement ?
- Qualité du travail ou qualité de vie au travail ?
La mobilité contrainte imposée comme règle de fonctionnement ?
La défaillance avérée de nos dirigeants conduit à la faillite l’Afpa (près d’1 milliard de déficit en fin d’année), nos tutelles (ministère du travail et celui des finances) exigent de l’Afpa des mesures de gestion du personnel permettant de retrouver l’équilibre financier.
Fini le service public, fini l’espoir de travailler pour sortir les personnes en difficulté, maintenant il faut-être « rentable » pour payer l’incompétence des dirigeants. Désormais, tout formateur ayant moins de 6 stagiaires sera considéré comme un poids, une charge à supprimer du paysage.
La priorité de l’Afpa est d’alimenter la plate-forme de mobilité
Pour ce faire l’Afpa décide de fermer automatiquement ces formations afin de transformer les salariés en « sous-activité », en salariés « sans activité ». En Auvergne-Rhône-Alpes 96 personnes sont concernées, 80 en Provence-Alpes-Côte- d’Azur. Combien dans les autres régions ?
Trois propositions d’emploi leurs seront offertes et en cas d’incompatibilité familiale ou professionnelle, ils seront licenciés.
Si notre région remporte suffisamment de commandes, ce sont les CDI d’autres régions viendront remplacer les CDD qui se sont investis à l’Afpa. Début janvier, les bons de commandes seront tombés, on saura qui reste et qui part.
Humainement la situation sera compliquée : tant pour les CDD qui se sont investis et à qui les contrats ne seront pas renouvelés, que pour les CDI que l’on aura déplacés de force.
A l’inverse même si les résultats de l’appel d’offres sont mauvais, les CDD seront remplacés par les CDI de la région et si ce n’est pas suffisant, on déplacera de force les CDI « sans activité ».
Désormais nous sommes tous des salariés précaires
Professionnellement, il faut s’attendre à changer de métier comme de chemise ou être déplacé suivant les résultats des appels d’offres. Pour la DRH, un bon formateur doit être 60% de son temps en mobilité professionnelle ou géographique, ce qui pose la question de la crédibilité vis-à-vis des stagiaires et des financeurs et qui nous sera facilement reprochable dès les premières plaintes de stagiaires.
Le formateur ou l’AT sont en tête de gondole et portent toutes les contradictions d’une organisation du travail élaborée par d’autres planqués dans les bureaux climatisés.
En séance SUD a dénoncé le mode de recensement « des sans-activités » et ses conséquences sur les conditions de travail et la santé des salariés. Si la direction veut imposer massivement la mobilité, elle doit commencer par reconsidérer la GPEEC qui aujourd’hui fait perdre de l’argent aux salariés.
- Comment les salariés pourront s’impliquer sans altérer leur santé ?
- Dans les faits pourquoi lorsqu’une collègue formatrice CDD devient animatrice VAE, lui baisse-t-on son salaire ?
- Pour la pression est-elle toujours exercée sur ceux qui sont en bas de la hiérarchie ?
- Pourquoi la direction de L’Afpa fait-elle le choix du nivellement par le bas ?
A contrario à SUD nous sommes partisans du nivellement par le haut :
- déchoir ces dirigeants responsables de cette faillite, les mettre à la production au salaire de la production avec trois propositions avant le licenciement (comme tout le monde).
- Redonner le pouvoir de décision, le pouvoir d’agir à ceux qui savent de quoi ils parlent : le terrain.
- Arrêter d’utiliser ces cabinets de conseils (tous ultra-libéraux) à la place d’échanges loyaux et sincères entre les différents services de l’Afpa.
Qualité de vie au travail ou qualité du travail ?
Suite au bilan désastreux des conditions de travail à l’Afpa, une négociation a été menée en intersyndicale nationale avec la DRH. Durant un an ces réunions visaient à s’attaquer au travail ni fait ni à faire, celui qui génère de nombreux troubles psycho-sociaux. A l’Afpa en effet on ne compte plus le nombre de « Burn-out » et les tentatives de suicide en 2017 qui ont malheureusement parfois réussi.
A la dernière séance, la DRH a arrêté la négociation pour ne pas être désavouée par le management.
Les organisations syndicales, s’inspirant des travaux des chercheurs du CNAM (l’équipe d’Yves Clot*), ont fait une expérimentation à l’Afpa. Nous avions proposé que les collègues en production puissent se réunir lorsque le travail devient compliqué : entrées décalées, multi-niveaux de nos stagiaires, ou applications informatiques difficile à employer etc…
De ces réunions, le personnel trouve toujours des solutions pratiquo-pratiques permettant de s’engager collectivement au travail.
Ensuite pour construire quelque chose de cohérent, il faut confronter les propositions aux exigences économiques portées par la direction. De cette démarche il ressort toujours des solutions discutées, comprises par tous, qui permettent de pouvoir agir sur les dysfonctionnements quotidiens qui nous gâchent la vie, qui épuisent les dynamiques individuelles et collectives.
Mais la direction a refusé de donner suite à nos propositions. Elle préfère garder seule le pouvoir jusqu’au bout, et enfermée dans sa peur d’ouvrir la boite de pandore, elle déteste que les salariés utilisent leurs intelligences pour organiser le travail.
Obligée de réagir par rapport à l’obligation de l’employeur de respecter la santé physique et mentale de ses salariés, la direction a préféré saboter le travail mené avec les syndicats et appliquer sans concertation une mesure unilatérale. Au final Celle-ci supprime l’esprit des discussions sur tous les sujets ouverts au débat.
Masquée d’une tartine de communication, elle se contente d’une série de process essentiellement destinés à l’affichage. Sans plus d’ambition, l’Afpa cherche à sauver la face et à se préserver des recours judiciaires.
Cette mesure QVT/RPS** n’est pas faite pour résoudre les problèmes.
* Yves Clot dirige des recherches au CNAM. Ces travaux sur la souffrance au travail font référence. Il a participé activement à la table ronde sur les conditions de travail à l’Afpa en 2012. Dans le cadre d’une convention, il a contribué avec nos équipes à une « expérimentation sociale d’un dialogue sur la qualité du travail » à l’Afpa.
** QVT/RPS : qualité de vie au travail, risque psycho-sociaux
SUD FPA – Tour cityscope/14 ème étage
3 rue Franklin 93108 Montreuil – 01 48 70 51 68.
Votre contact en région : 06 42 90 09 47
23 juillet 2018 4:48