Déclaration des élus SUD FPA au CSEC du 25 mai 2021 au sujet du projet de transformation des restaurants de l’Afpa
Nous ne reviendrons que brièvement sur les aspects économiques développés par le cabinet Secafi et reprises par les déclarations précédentes. Nous tenons quand même à souligner quelques points :
- La perte de « profitabilité » de la restauration collective est due à une chute du montant de subventions des régions. L’Afpa a choisi pour compenser cette baisse d’externaliser la prestation et de mettre en place avec les entreprises retenues un plan d’actions pour augmenter le nombre de convives (taux de captation) par une offre plus diversifiée en y intégrant du snacking notamment.
- Cependant, l’analyse des informations par le cabinet Secafi montre qu’il n’y a pas de corrélation entre le taux de captation et la profitabilité, ce qui met à mal l’argument premier en faveur de cette externalisation.
- On constate d’ailleurs que l’externalisation n’est pas un gage de rentabilité.
- La rentabilité s’explique davantage par le contexte local de chaque centre (une offre alternative de restauration à proximité, type de formation…).
Pour SUD FPA, Il est regrettable que les conseils régionaux diminuent les subventions qui ont permis depuis de nombreuses années aux stagiaires de l’Afpa de bénéficier d’un repas chaud « au moins une fois par jour ». Et que pour compenser cette perte, la réponse choisie par l’Afpa soit une augmentation de la part du snacking, souvent synonyme de nourriture toujours plus industrielle et de malbouffe. En acceptant cet état de fait, l’Afpa va à l’encontre de sa vocation d’utilité sociale auprès de nos stagiaires. Le développement d’une pédagogie d’une réelle hygiène alimentaire et nutritionnelle en proposant des menus équilibrés, cela fait aussi partie de l’«ADN» de l’Afpa.
D’ailleurs, c’est cette possibilité de fournir ce repas à des personnes souvent précaires qui fait la fierté des salariés de la restauration et qui renforce son sentiment d’appartenance au service public.
Cette perte de sens au sujet de la mission s’accompagne également sur une perte d’intérêt quant au travail lui-même. Le rapport Secafi pointe « même qu’il y a un risque d’un sentiment d’appauvrissement du travail des «cuisinants» dont leurs missions évolueraient davantage vers des tâches de préparation, d’assemblage que de cuisine » Les « cuisinants » constituent les deux-tiers des effectifs transférés.
Ce changement de structure de qualification peut aussi impliquer des risques de changements de site afin de rééquilibrer les profils de « cuisinants » et d’«assembliers», ce qui entraine forcément une modification des conditions de travail. Si le projet devait aboutir, nous demanderons donc le maintien des salariés sur leur site d’affectation actuel.
Toutes ces modifications sont potentiellement porteuses de risques et/ou de troubles psychosociaux, d’autant plus que le personnel des cuisines à l’Afpa a une ancienneté moyenne de 21 ans (17 personnes avec une ancienneté de plus de 30 ans) et que l’âge des salariés est bien sûr corrélé à cette ancienneté (42 salariés de plus de 58ans).Rappelons de plus que nos collègues ont pu développer tout au long de leur expérience de cuisinier de l’AFPA des pratiques d’agent du service public avec nos stagiaires, souvent démunis et dont certains nécessitaient de leur part une attitude très compréhensive – qu’en sera-t-il à l’avenir ? Ces changements impliquent également des tensions entre les exigences des entreprises d’accueil et celles des salariés transférés.
Tout ce contexte anxiogène est souligné dans le rapport du cabinet Secafi lorsque ce dernier relève dans l’expression des salariés, à travers les entretiens de terrain, des inquiétudes majeures pour l’avenir et un sentiment marqué de rejet.
Pour SUD FPA, le projet tel qu’il nous ait présenté entraine une déqualification de nos collègues de la restauration par l’effet combiné de la mise en place de nouvelles activités (snacking/cuisine) moins exigeantes en termes de qualification et de la pyramide des âges. A l’issue d’une longue carrière à l’Afpa (21 ans en moyenne), leur transfert va impliquer, pour ces professionnels, de « désapprendre » une partie de leur métier.
Ce risque de déqualification est aussi à prendre en compte au même titre que d’autres questions relatives au transfert et peut-être plus pratiques (la reprise de l’ancienneté, la convention collective…).
Il y a donc lieu pour l’Afpa de mettre en place rapidement un plan de prévention RPS. Or, le rapport Secafi indique aussi que cette dimension est absente des modalités d’évaluation des offres. Nous citons « la question QVT des salariés transférés et de leurs conditions de travail n’est pas étudiée ». Pour SUD FPA, il est notable qu’après les péripéties judiciaires des dernières années, cet aspect de plan de prévention a du mal à être pris en compte.
Les membres élus de la commission Santé centrale ont pu d’ailleurs constater lors de la réunion du 28 avril l’absence totale d’évaluation de la part de la direction des RPS encourus par nos collègues de la restauration., alors qu’ils ont signalé que, pour les raisons que nous évoquons ici, le risque est maximal.
En résumé, pour SUD FPA, les arguments économiques pour une externalisation ne nous convainquent pas, d’autant plus que demeurent des points d’interrogation (quelles perspectives pour les entreprises de restauration collective ? Quel sera l’impact du télétravail et de la téléformation sur les équilibres financiers de ces entreprises ?) Ce risque de l’insécurité économique, RPS avéré, est ressenti par tous nos collègues
Dans sa présentation, l’Afpa a aussi insisté sur la participation à ces appels d’offres d’externalisation d’entreprises de l’économie sociale et solidaire. SUD FPA s’interroge sur l’intégration de ces entreprises au processus global.
Par ailleurs, les conséquences sur le personnel sont très importantes en termes de déqualification et de risques psychosociaux. Le métier des salariés transférés est attaqué par la mise en place de nouvelles activités moins exigeantes en termes de qualification. Et, tout cela en l’absence d’un réel plan de prévention. Nous avons pu constater dans le passé les conséquences générées par de telles pratiques de déqualification sur des formateurs et les psychologues par exemple, perte de sens du travail, absentéisme élevé, démissions, licenciements …
Somme toute, SUD FPA est d’avis que l’externalisation de la restauration n’est qu’un prétexte à la suppression à l’AFPA de 189 emplois (172 CDI et 17 CDD) de plus et un des épisodes de la vente par appartement de l’Afpa. Nos collègues sont sacrifiés aux diktats de Bercy, déjà inscrits, par ailleurs, dans les orientations stratégiques de 2018 ! Bercy veut noyer la restauration et la DG Madame D’Artois l’accuse donc d’être atteinte de la rage !
En conséquence, les élus de la délégation SUD FPA émettent un avis défavorable au projet de transformation des restaurants de l’Afpa.
27 mai 2021 7:45