Le journalisme est un métier !
À M. Benjamin d’Alguerre, qui a signé l’article dans Entreprise & Carrières.
Monsieur,
Dans mon souvenir, il me semble que les journalistes vérifiaient les informations, les recoupaient, et interrogeaient les protagonistes, tous les protagonistes, nommés dans un article AVANT de passer à la publication. Mais ça, c’était avant.
Quel dommage que vous n’ayez pas pris cette peine, ce qui vous aurait permis de ne pas perdre ce qu’on appelle la crédibilité. Car, qu’est un journaliste sans crédibilité ? Un rapporteur de ragots ? Une “Madame Michu” sur papier glacé ?
Pour compléter votre information, je porte à votre attention quelques éléments qui auraient permis à votre article d’avoir un air un peu plus objectif.
Oui, la CFE CGC de l’AFPA a organisé un vote, avec 4 options de réponse :
– négocier le livre 1 (et pas Livret comme vous écrivez)
– négocier le livre 2
– négocier le livre 1 et le livre 2
– aucune négociation
Le premier problème, c’est que le livre 2 n’est pas ouvert à la négociation, seul le livre 1 l’est, conformément à la loi. Le second problème, c’est que le vote était trucable, et il a été truqué. En effet, il était possible de voter autant de fois que voulu, il suffisait de nettoyer l’historique de navigation pour revoter.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la CGC a suspendu l’accès au vote au bout de 24 heures seulement, alors que la période prévue de recueil des avis était de 15 jours. Quelle fiabilité donc apporter à un sondage où chacun a pu voter autant de fois qu’il l’a souhaité. Et ce n’est pas en parlant de “salariés répondants” que ça rend le sondage crédible. Il est des élections en Afrique qui obtiennent le même type de résultat.
Sur le plan syndical, s’il est vrai que 7 syndicats existent à l’AFPA (le STC existe à l’AFPA), seuls 4 sont représentatifs : CGT, CFDT, FO et SUD. C’est donc l’unanimité des syndicats représentatifs qui est opposée à ce plan mortifère. Alors oui, bien sûr, la CGC se dit prête à entamer des discussions. Elle peut discuter autant qu’elle veut, elle n’a pas le droit de négocier. Car, à part M. André Thomas, on ne sait pas qui la CGC représente à l’AFPA. C’est vrai que si la loi de 2008 a fait du mal aux syndicats en général, elle a permis en tous cas d’éliminer les syndicats qui ne représentent que peu de monde. En l’occurrence, même pas un salarié sur dix ne s’est reconnu dans les positions de la CGC. On comprend qu’il y ait de la rancoeur de ce syndicat envers les salariés, au point de vouloir leur faire payer.
Enfin, sur les chiffres, ceux de la direction :
– 1541 postes supprimés
– + 600 départs en retraites (en non pas dont 600 départs en retraite)
– + 454 propositions d’avenants des contrats de travail qui se transformeront en autant de licenciements si les personnes concernées, principalement des assistantes administratives, refusent de signer une dégradation de leur métier.
– 603 créations de postes qui sont en fait majoritairement des postes non pourvus actuellement, les conditions d’exercice étant tellement peu attractives que les embauches ne se font pas. Le PSE est un moyen de contraindre ceux qui sont visés par les licenciements d’accepter ces emplois dont personne ne veut.
Voilà. C’est vrai, à l’AFPA, nous n’avons pas de formation “Journaliste”, aussi, je ne me permets pas de dire “c’est comme ça qu’il faut faire”. Je me permets juste d’apporter des réponses à des questions que vous n’avez pas posées. À SUD FPA, nous avons souvenir que vous fûtes plus objectif dans le traitement de l’information.
Richard LALAU
Délégué syndical central SUD FPA à l’AFPA
PS: Au fait, le plan Marshall a consisté à développer massivement les moyens de sortir de la crise, précisément le contraire de ce que prône la CFE-CGC de l’AFPA. Quand M. Thomas veut appeler l’histoire à son secours, encore faudrait-il qu’il la connaisse.
6 décembre 2018 10:11