Légitime défense…des salaires
Les organisations syndicales qui ont reçu fin janvier le bilan salarial de 2013 ont pu constater que les directions changeaient mais que les injustices se perpétuaient.
En 2013, comme en 2012, il n’y a pas eu d’augmentations générales. Gel. Seulement la distribution de quelques primes, promotions et augmentations individuelles.
La répartition une fois de plus s’est faite au profit des classes 13-17, 11% des effectifs. Elles ont perçu près de 60 % de l’enveloppe totale des AI. L’AI moyenne des hiérarchiques est de 287 €, celle des rares classes 1-12 augmentées de moins de la moitié, 135 €.
Les hiérarchiques ont touché près de la moitié de l’enveloppe des primes. Avec une prime moyenne de 2 000 € !, ainsi que 56 % de l’enveloppe des promotions, en moyenne de 417 €, (contre 126 € pour les classes 1-12). L’effet report des promotions des hiérarchiques coûtera près de 1,5 Millions € en 2014…
Estampes, nommé sous Sapin, a réparti les enveloppes comme Caïla !
Rien n’a donc allégé le boulet de la hiérarchie. Les effectifs de l’AFPA ont continué leur baisse en 2013 mais le nombre de hiérarchiques, lui, est resté à flots ! La baisse des effectifs du siège, comme nous l’avions déjà dit, n’est en fait qu’une annonce !
Chantage
La direction générale envisagerait une 3ème année de gel continu pour 2014. Car « personne ne comprendrait que les rémunérations des salariés de l’AFPA augmentent » affirment Estampes et Dufoix. Ni l’État, ni la cour des comptes, ni les banques !
Dans une note envoyée aux syndicats[1], Estampes et Dufoix exercent même un véritable chantage à la disparition de l’AFPA nationale et de ses emplois, comme les syndicats l’ont dénoncé récemment.
Si l’argent fait défaut, pourquoi la direction n’évacue-t-elle pas la T9 ? Qu’est ce qui l’empêche de rompre ce bail onéreux ? Un procès éventuel introduit par le bailleur ? Est-ce vraiment un obstacle s’il y a le feu ?
S’il y a le feu, qu’est ce qui empêche de demander à la hiérarchie, surpayée depuis des années, une baisse de ses salaires ? De réduire le trop grand nombre de hiérarchiques ? Tous ces responsables devraient s’honorer de faire déjà la queue devant le bureau du DRH du siège pour se porter partant volontaire pour le sauvetage de l’AFPA !
Pourquoi ressortir le projet immobilier de l’Est parisien ? Alors que des centres en Ile de France sont vides !
La note de la direction a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Les organisations syndicales ont dit à la direction, pour introduire et clore la réunion de NAO[1] du 20/02/2014, qu’ils n’acceptaient pas ce chantage et cette fin de non-recevoir – avant même toute négociation, ce qui constitue une entrave selon le code du travail – et l’ont informée qu’elles ne reprendraient le dialogue qu’à la seule condition que la direction revienne sur ses décisions.
Un besoin vital
De 1999 à 2013, en 15 ans, le cumul des augmentations générales à l’AFPA est de 9,75 %. Alors que les prix à la consommation ont augmenté de 25,5 %. Le SMIC a augmenté de 44 %, le plafond de la sécurité sociale de 37 %. Et le prix d’acquisition d’un point de retraite AGIRC a augmenté de 42 %. La différence entre l’évolution de l’augmentation générale AFPA et celle du SMIC est de 34 %, un gouffre!
Sans parler des hausses, début janvier 2014, des cotisations sociales pour le financement des retraites et celles annoncées pour financer les mutuelles et la prise en charge prolongée de l’invalidité jusqu’à l’atteinte d’un âge de retraite repoussé…
La classe 1 de l’AFPA n’existe plus que sur le papier puisqu’elle se situe en dessous du SMIC. L’embauche avec un tel salaire est hors la loi ! Les sommes de l’AME, de la PRU et du 13ème mois des classes 2 à 8 (près de 2 400 personnes en CDI) représentent des montants qui se situent en dessous de 1,6 SMIC, seuil qui permet à une entreprise d’obtenir de l’Etat des réductions de cotisations sociales « patronales » pour bas salaires et de bénéficier en plus du CICE (Crédit Impôt Compétitivité Emploi). La plupart de ces collègues sont tombés dans la trappe à bas salaires, dont on ne sort que lentement, puisque l’employeur pense avoir double intérêt à ce qu’ils y restent !
Les dépenses contraintes représentent 33 % de la consommation des ménages et les loyers augmentent très fortement depuis des années, chacun le sait.
Quelques autres exemples (INSEE) d’augmentations des prix :
Le réel des salariés, ce sont des fins de mois difficiles, des découverts et des agios bancaires, parfois des logements trop petits, des soins de santé qui ne sont pas entrepris, moins de départs en vacances,…Et leur retraite dans quelques années ? L’insignifiance !
Il est vital que les salaires des classes 1-12 de l’AFPA augmentent dès 2014.
Mais c’est aussi l’intérêt de l’AFPA elle-même d’accorder des augmentations.
Comment recruter les formateurs professionnels dont l’association a besoin ? Une augmentation de salaires prouverait aux clients (Conseils Régionaux et entreprises) et aux stagiaires que l’AFPA, comme elle le prétend, n’est pas un organisme low-cost.
A défaut, les salariés pourront-ils continuer à faire un travail de qualité ? Pendant combien de temps l’AFPA pourra-t-elle compter sur la conscience professionnelle, en réalité sur le travail gratuit des salariés ? Des signes de démotivation sont partout perceptibles, le taux d’absentéisme déjà très élevé continue de grimper avec un coût très élevé pour l’AFPA…et pour les salariés.
Pendant combien de temps l’AFPA peut-elle léser ses salariés, sans que ceux-ci ne réagissent avec légitime défense pour leurs intérêts vitaux ?
Avec des conséquences imprévisibles. La direction joue donc avec le feu. Combien coûterait le dépôt de bilan de l’AFPA, à l’Etat, aux banques et aux organismes sociaux, dont le FNGS[1] géré par les représentants patronaux ?
Le salaire de la peur
L’emploi fait bien sûr partie des intérêts vitaux de salariés. La peur bien compréhensible de perdre leur emploi les retient donc encore dans l’expression de leur colère.
Nos dirigeants jouent[2] de cette peur de manière très hypocrite, depuis trop longtemps.
Repentin, Sapin, Ayrault, Barou, Estampes, Dufoix, disent à la tribune que l’AFPA a été abandonnée,…puis dès qu’il s’agit de payer la réparation des dommages, leur discours exige des salariés, sous couvert de la sauvegarde des emplois, tous les sacrifices.
Ces gels des salaires ainsi que les réductions incessantes d’effectifs finissent par créer un climat de méfiance généralisé qui détruit le lien social. Dans ces périodes, chacun cherche à préserver sa rente, chacun se protège, se pense seul contre les autres. Peur et méfiance.
La direction générale pense-t-elle réellement pouvoir refonder l’AFPA sur la peur et la méfiance ?
La direction ne peut pas continuer à considérer les salariés comme quantité négligeable. La théorique sauvegarde de l’emploi ne lui donne pas un chèque en blanc, ni le droit de tenter de bâillonner les syndicats. De quelle sauvegarde est-il d’ailleurs question ? De quelles catégories d’emploi en priorité et à quelles conditions ?
Désinformation
La direction ne peut pas poser comme a priori que toute hausse de salaires des classes 1-12 mettrait en péril l’entreprise.
En ne prouvant rien et en ne voulant pas discuter de la vraie priorité de cette hausse en regard d’autres budgets.
SUD FPA n’a pas dénoncé la loi flexibilité de juin 2013 pour accepter qu’un pseudo-accord « maintien de l’emploi contre baisse des salaires[3] » soit appliqué à l’AFPA implicitement et donc sans les garanties légales prévues.
La direction désinforme les salariés en leur faisant croire que les organisations syndicales réclament l’impossible. Le DRH exagère sciemment les montants réclamés pour décrédibiliser par avance les demandes syndicales. Aux ordres de la finance, la direction générale ne veut en fait rien céder. Elle veut pouvoir dire à l’Etat, aux banques et aux journalistes du CAC 40 que les salariés sont muselés.
Pour la finance, l’ennemi, c’est le salaire.
Des organisations syndicales responsables
Pour SUD FPA, les organisations syndicales sont plus responsables et concrètes que la direction et ne réclament pas l’impossible. A cette heure même, elles n’ont encore rien revendiqué. De rares ballons d’essai ont été lancés mais aucun chiffrage. Du reste, les deux premières réunions de NAO (30/01 et 20/02) ont été consacrées à dénoncer 1) les erreurs du rapport de la cour des comptes non corrigées par la direction, 2) le chantage pervers à l’emploi de la direction.
Ce n’est pas aux salariés de payer la métamorphose de l’AFPA
Il est demandé aux salariés de base de payer la métamorphose de l’AFPA en entreprise privée. Avec la création d’un service commercial, d’un nouveau service de recrutement des stagiaires en remplacement du personnel d’orientation transféré, d’un service de transition et d’évolution professionnelle, de services comptables et facturiers modernes…
Cette métamorphose qui relève de l’investissement, la direction la finance par la sous paye, le sous-effectif et le surtravail ! Alors, qui demande l’impossible ?
SUD FPA demande que la direction fasse toute la transparence :
- sur le coût des projets immobiliers et de la location de la T9
- sur l’ensemble des rémunérations, y compris cotisations, par classes et catégories,
- Sur le coût de l’absentéisme
SUD FPA demande que la direction chiffre le coût de la création des nouvelles fonctions de l’AFPA (développement, recrutement, transition, modernisation de la facturation…)
Les salariés de l’AFPA ne sont pas des vaches à lait !
SUD FPA exige que la direction se comporte à leur égard avec au moins autant de considération qu’elle ne le fait avec les banques.
Un round de vraies négociations (NAO, GPEC,..) doit s’ouvrir.
SUD FPA veut penser que la direction finira par admettre qu’il n’y aura pas de retour à l’équilibre économique et social sans la prise en compte de tous les intérêts vitaux du personnel.
[2] Négociation Annuelle Obligatoire (Salaires, emplois, durée du travail, etc)
[3] Fonds National de Garantie des Salaires
[4] Ce management par la peur est quotidien dans les centres. De même ce n’est pas à un seul endroit de la note d’Estampes et de Dufoix que le chantage suinte, mais par tous les pores de cette réflexion.
[5] Les salaires nominaux ne baissent pas à l’AFPA mais les salaires réels si.