Lettre des organisations syndicales de l’AFPA au Conseil d’Orientation
Lettre ouverte des organisations syndicales CGT, CFDT, FO, SUD, CFE-CGC et CFTC de l’AFPA aux membres du Conseil d’Orientation de l’AFPA
Lors du CCE de mars 2015, les délégations représentant le personnel ont clairement exprimé leur refus de rendre un avis sur les orientations stratégiques tirées du projet d’Acte II du plan de refondation avant que le Ministre n’ait officiellement annoncé ses réponses sur la situation de l’AFPA. Cependant, les éléments connus à ce jour tels que présentés par le président Barou lors de ce CCE et par le Directeur général devant la commission économique du CCE créent à nouveau de la déception et de lourdes inquiétudes.
En effet, au-delà des mesures, dispositifs ou intentions affichés, l’impression globale est : « Oui à ce qui ne coûte rien ! ». Une diversification [dispositif Nouvelle chance pour 2 000 jeunes DELD s’appuyant aussi sur de l’accompagnement social] et des interventions nouvelles [accord Pôle Emploi – AFPA de mars 2015, enveloppe complémentaire de 9 M€ du PASP1 2015, …] sont intéressantes mais ne résoudraient en rien la vraie problématique posée à notre association :
comment obtenir un volume d’activité à la hauteur des besoins du Pays ?
comment garantir un prix unitaire qui permette une prestation globale incorporant les divers services associés garants de qualité et de réussite des stagiaires ?
Les budgets prévisionnels présentés pour cet Acte II de la refondation dans les 2 scénarios « socle » et de « référence » emportent avec eux une perte cumulée sur les 3 exercices 2015 à 2017 comprise entre 300 M€ et 250 M€. Au bout de ces 3 exercices, le chiffre d’affaires n’atteindrait pas, dans le meilleur des cas, l’objectif de budget de 2014 présenté en mars 2014 au CCE (784M€ pour mémoire).
Face à la pénurie d’activité, ce qui reste complètement incompréhensible face aux chiffres du chômage et aux ambitions affichées par le gouvernement de répondre aux défis des filières d’avenir, des transitions énergétiques et écologiques et à la ré industrialisation, la direction générale et le Conseil d’Administration n’ont trouvé d’autre alternative que la baisse drastique des charges, particulièrement par la suppression des emplois. La saignée est donc le seul remède en perspective dans l’Acte II de la refondation.
Vous comprendrez que nous ne pouvons pas être d’accord sur ce traitement infligé à l’AFPA. Comment accepter que notre survie se fasse par les suppressions d’emplois, le regroupement des plateaux techniques, la fermeture de centres et le gel des salaires, quand les besoins de formation professionnelle sont si criants ?
Et que dire de l’imbroglio immobilier ? Notre trésorerie, notre bilan sont exsangues et il nous faudrait financer dans les 10, 15 ou 20 années à venir de l’ordre d’un milliard de travaux de maintenance et de mise aux normes. Mais avec quelles ressources propres ? Avec quelles conséquences sur la dette ? Finalement, les seules solutions proposées par l’Etat et les pouvoirs publics obèrent durablement, voire définitivement l’avenir de l’AFPA. Pour nous, la question de l’immobilier est celle du propriétaire : l’Etat.
L’AFPA doit pouvoir exercer ses missions de service public pour les demandeurs d’emplois comme pour les salariés en activité, sans avoir à assumer le boulet immobilier, ni sous forme de loyers, ni sous forme d’investissements autofinancés.
Les organisations syndicales de l’AFPA dénoncent la passivité d’un Conseil d’Administration qui n’ambitionne que de serrer un peu plus la vis sur les effectifs. Aujourd’hui, c’est le personnel qui supporte des conditions de travail qui l’empêchent de faire du « bon travail » au nom des restrictions budgétaires et des ajustements par les charges.
Les organisations syndicales de l’AFPA attendent maintenant de vraies réponses : l’Etat veut-il d’une AFPA efficace et utile ? Alors il doit s’en donner les moyens et prendre des mesures structurelles d’envergure. Sinon, l’AFPA serait condamnée à disparaître. Cette question en appelle une autre en réponse au constat du nombre de demandeurs d’emplois qui augmente de mois en mois tout comme les durées qui conduisent inéluctablement à la perte de compétences et à l’exclusion sociale : ce gouvernement veut-il faire de la formation professionnelle un enjeu national ?
La question peut être posée ainsi : Y-a-t ‘il en France encore une place pour une formation professionnelle incluant la promotion sociale comme projet politique, conformément à l’engagement constitutionnel ?
Les organisations syndicales de l’AFPA attendent de chacun des collèges du Conseil d’Orientation qu’ils s’expriment directement et fortement auprès du gouvernement et des pouvoirs publics afin d’emporter des réponses positives, engageantes, volontaristes et ambitieuses à ces questions et attentes du personnel AFPA et de ses stagiaires.
Investir dans la formation professionnelle, investir dans l’AFPA, c’est utile, nécessaire et efficace ! C’est un devoir d’Etat.
Montreuil, le 8 avril 2015
10 avril 2015 9:28