Mobilité, la fabrique des volontaires
A défaut d’une vision d’avenir pour l’AFPA et d’une analyse autre que comptable, la direction générale a trouvé son mantra, la mobilité !
C’est écrit noir sur blanc sur l’acte 2 du plan de refondation : l’AFPA va mal parce que les formateurs ne sont pas assez mobiles’. Bougez, bougez disait la publicité, c’est bon pour vous…. La lecture du projet d’accord GPEC (Gestion Prévisionnelle de l’Emploi et des Compétences) est éclairante à ce sujet : c’est quasi uniquement une gestion de la mobilité !1
De plus, la direction, faisant fi de toute autre considération (attachement au territoire, vie de famille, etc.) semble persuadée que l’argent suffira.
Reste à convaincre ou plutôt à amener le salarié à accepter de bouger…et c’est là qu’entre en jeu la « fabrique des volontaires ».
Le processus de culpabilisation
Faire accepter à un individu une chose qu’au départ il ne souhaite pas est un processus maintenant bien connu, appelé le travail de deuil . Il a été décrit pour la première fois chez des personnes en fin de vie par Elisabeth Kübler-Ross ; elle résume en 5 étapes les émotions traversées par ces personnes : déni, colère, marchandage, dépression, acceptation.
Des consultants se sont emparés de ces travaux et les ont dévoyés en les appliquant au monde de l’entreprise. Ce sont ces méthodes qui ont été utilisées, par exemple, chez France Telecom pour “casser” les résistances des salariés.
A l’ AFPA, notamment en Pays de Loire mais aussi en Champagne Ardennes, le processus se déroule lors de 3 entretiens pressants ( certains salariés ont été reçus, parfois par 3 hiérarchiques en même temps !!! et juste avant le départ en vacances du salarié, histoire de bien lui faire profiter de celles-ci …) . La teneur du message distillé par la direction à chaque réunion va en progressant :
1er entretien « il faut réfléchir à des solutions »
2ème entretien « alors, c’est quoi ta solution ? »
3ème entretien « si tu ne trouves pas de solution c’est de ta faute »
Il est bon de noter le glissement opéré : au départ , l’attitude du hiérarchique se veut neutre et bienveillante , mais au fur et à mesure du processus , la responsabilité du salarié est engagée jusqu’à devenir totale. Ainsi conditionné, le salarié est prêt à accepter la solution du chef et à signer.
Le chef a la solution, c’est la mobilité !
Ce chef a-t-il pensé à une organisation de travail différente ? A-t-il pensé à un temps pour aller se former ? Hélas, non…
Et voilà comment on rend la mobilité IN-DIS-PEN-SABLE …sauf pour les grands chefs, parce que pour eux , ça se passe plutôt comme ça :
Attention ! Votre signature rend difficile un recours ultérieur. Si votre hiérarchique vous convoque à un entretien de ce type, demandez à être accompagné(e).
1 Alors qu’une GPEC digne de ce nom doit se pencher sur une prévision des emplois avec des plans à court, moyen et long terme et sur la gestion des compétences des salariés