Orientations stratégiques – Comité Social et Economique de l’AFPA du 07/01/2021
On ne redira pas tout le mal que nous pensons des orientations stratégiques, de la désorientation de l’AFPA dans les deux sens du mot, depuis 2010. Nous l’avons dit en avril 2018. La conclusion de notre déclaration était :
« La DG affirme vouloir changer les choses en partant de la base (bottom-up) alors que son projet reprend les ingrédients habituels et impose aux salariés une solution construite sans eux par des experts qui n’ont jamais mis les pieds sur le terrain.
Ce projet “aprioriste” refuse de faire l’inventaire des dix années de casse successive. Il fait abstraction de difficultés rencontrées dans les centres. Il ignore les souffrances des personnels pris pour cible, culpabilisés quotidiennement, méprisés et harcelés trop souvent.
Les salariés n’ont plus confiance en leur hiérarchie.
Les orientations stratégiques imaginées loin du terrain et des salariés sont vouées à l’échec.
L’AFPA retrouvera énergie et efficacité quand elle respectera ses salariés et la qualité de leur travail. »
Voilà tout était déjà dit et depuis plus de 1200 salariés ont été exclus de l’AFPA et trois tribunaux lui ont ordonné de s’occuper de la santé de ses salariés !
Entrons dans le sujet présent :
- On ne commentera pas le détail du COP. Il reprend les orientations stratégiques de l’AFPA et nous n’avons pas à corriger les bugs de la direction et de l’Etat. Le travail des représentants du personnel n’est pas de dire où il faut placer telle virgule pour que l’Etat daigne continuer à nous attribuer 110 Millions € par an alors qu’il en faudrait au moins 1 milliard.
- Avant de réclamer des indicateurs supplémentaires pour telle ou telle mission de l’AFPA, il faudrait d’abord s’assurer que des moyens, au dela de quelques miettes, sont mis au service de politiques réelles, notamment en faveur de l’égalité Hommes/Femmes et de l’égal accès de tous à la formation sur le territoire.
Ce qui manque dans le COP, c’est une relation entre objectifs et moyens. Ce qui manque au COP c’est qu’il soit un COMP, un COP avec des Moyens.
- Certes la trajectoire économique de l’AFPA n’est évidemment pas crédible mais nous ne partageons absolument pas l’objectif de redressement de l’EBE. L’Etat doit financer la formation professionnelle, quoi qu’il en coûte.
- La Promo 16-18 ne nous intéresse pas sur le plan économique mais sur le plan de sa réussite pour les salariés de l’AFPA et pour les jeunes et quant à son risque de désorganiser encore un peu plus l’AFPA.
Nous ne voterons pas la motion gestionnaire écrite par SECAFI et présentée par le bureau puisqu’en particulier elle ne construit pas de propositions alternatives.
La question qui se pose aujourd’hui est : l’AFPA se veut-elle encore un organisme de formation professionnelle qualifiante pour adultes ? Ou cette formation professionnelle est-elle définitivement abandonnée au marché ? Ce qui veut dire à la volonté du patronat.
La dénaturation en loucedé de l’AFPA ne serait-elle pas déjà amorcée ? Vers une autre vocation, celle de l’insertion/inclusion ?
Mais de quoi parle-t-on ?
Parle-t-on de l’insertion par la formation ou pour la formation ?
Insertion par la formation , celle que permet l’obtention d’un emploi via un métier. On la pratique naturellement, depuis toujours.
Insertion pour la formation : celle qui est nécessaire au bon déroulement d’une formation (au moins le gite et le couvert). La aussi, cette insertion-là est pratiquée par l’AFPA depuis de nombreuses années.
S’agirait-il alors de faire de l’inclusion/insertion en dehors de tout acte de formation. Mais comment ? Toute insertion se fait via un travail (de formation, ou d’activité dans une entreprise intermédiaire…)
Pourtant, l’AFPA, selon le document présentant les orientations de sa politique de formation interne, aurait l’ambition de devenir en France l’opérateur de référence et l’ensemblier de l’inclusion et de la promotion sociale par la qualification et l’emploi.
Toujours selon ce même document, L’AFPA devrait devenir un acteur global de l’inclusion, une « plateforme » d’inclusion sociale et pas seulement d’insertion dans l’emploi, le tiers de confiance des parcours pour les individus afin de les aider à réussir à devenir autonome…dans un monde de risques…et le document de citer tous les risques auxquels sont confrontés aujourd’hui les individus…Il ne manque que le risque écologique et le risque nucléaire !
Il y est même écrit : « Plus que de la formation, nous devons intégrer l’écosystème qui va permettre à chaque personne de construire son parcours de vie. ».
Ce « plus que de la formation » fait peur.
Trois remarques :
« L’aide individuelle pour réussir à devenir autonome. » « Acteur global de l’inclusion » Ca veut dire quoi concrétement ? Ce discours (comme la nouvelle direction Territoire, Insertion et Innovation qui le porte) est tout à fait abstrait.
Ce discours porte aussi une vision du monde que nous combattons, avec des exclus et des « à inclure », des personnes qui ne seraient pas autonomes, des gens qui ne seraient rien, qu’il serait nécessaire d’aider, d’assister…alors que c’est bien tout un système économique et social qui crée leur exclusion.
Enfin les organismes d’insertion autres que par la formation sont légion, les tiers lieux nombreux. Quel peut être l’apport de l’AFPA en matière d’insertion en dehors de la formation ?
En conclusion, nous restons opposés aux orientations stratégiques et au COP qui les reprend.
9 janvier 2021 7:06